SERJE JULY : que le meilleur projet l'emporte

Publié le par SD32

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Afin de comprendre mieux les campagnes présidentielle et législative que nous venons de vivre, au Parti Socialiste, ainsi que les enjeux qui nous attendent  dans les prochains mois, Socialisme & Démocratie propose à votre réflexion  et éventuellement à vos commentaires, l'éditorial de Serge JULY présenté ce matin sur RTL.

Que le meilleur projet l'emporte

Ils se séparent. Ils se sont affrontés à fleurets mouchetés, dans les couloirs, dans des parties sombres de la maison socialiste, dans des arrières salles, toujours de manière indirecte pendant des mois, au moins une année, sinon deux.

C'est l'histoire la plus extraordinaire qui soit : celle d'un couple dont chacun des membres a non seulement la même ambition, la plus haute naturellement, c'est-à-dire la Présidence de la République, mais dont, elle et lui sont en concurrence frontale. Cette rivalité devinée est devenue feutrée avec la désignation de Ségolène Royal par les militants.
 
La meilleure chose qui pouvait arriver aujourd'hui au PS confronté à cette situation exceptionnelle : que leurs oppositions politiques légitimes deviennent enfin lisibles et compréhensibles.

François Hollande a gelé la rénovation du Parti socialiste entre 2002 et 2007 parce qu'il était "le candidat masqué" du Parti socialiste, qui a misé sur  le rassemblement du PS et les victoires électorales comme autant de rampes de lancement, dans une élection présidentielle où la gauche partait favorite selon la loi de l'alternance gauche-droite en vigueur depuis 1981.

Le "candidat masqué" pensait se découvrir après la victoire du référendum sur le projet de Constitution européenne. Comme le "Non" l'a emporté, il  a été contraint de garder son masque, tandis que Ségolène Royal fonçait. François Hollande impose alors un calendrier dramatique : une désignation au terme d'une "primaire", six mois seulement avant l'échéance présidentielle. Non seulement les socialistes se sont divisés sur l'Europe de manière terrible, mais ils affichent leurs divisions avec l'opération des primaires, en ouverture de la campagne présidentielle. Ils pouvaient difficilement arriver aussi divisés. Avant même que la campagne commence, ils étaient déjà en partie plombés.

Lorsque le candidat est désigné, c'est nécessairement un outsider - en l'occurrence Ségolène Royal - qui hérite d'un programme qui n'en est pas un, tous les leaders du parti avaient gardé le meilleur, non seulement pour les primaires, mais surtout pour la campagne elle-même.

Avec le  projet socialiste, le candidat n'ira pas très loin. Tout est à faire ou presque. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Ségolène Royal part avec un sérieux handicap, sans compter ses paramètres personnels, ses tropismes, des propres handicaps. De tous les leaders socialistes, c'est la moins préparée, elle ne dispose pas d'un courant, d'un réseau d'experts. C'est une candidate nue. En amont, ni rénovation, ni projet, ni programme. Un comble.

La défaite du Parti socialiste à l'élection présidentielle sera une défaite de la pensée, et celle de choix tactiques discutables de la candidate, quand ils n'étaient pas tout simplement à contre-sens. Nicolas Sarkozy a gagné notamment parce qu'il a centré sa campagne sur la question sociale ce que la candidate de gauche s'est refusée à faire. A sa décharge, elle ne disposait pas vraiment de munitions sur le sujet.

Elle sort de la campagne avec une légitimité de 17 millions de suffrages. Alors qu'elle était favorite, elle aura fait un mauvais score.Les classes populaires ne sont pas au rendez-vous, et les classes moyennes jettent un oeil sur François Bayrou. Aujourd'hui, face à elle quelqu'un qu'elle connaît bien : François Hollande, qui vient d'obtenir un sursis d'une année et demie. Ce sursis,  il le doit à l'assaut manqué de Ségolène Royal sur le parti. Elle a échoué à le prendre à la hussarde. Le premier secrétaire, s'il veut être le futur candidat du parti, doit gagner la bataille de la rénovation. Ce qu'il n'a pas fait pendant les cinq dernières années, il doit le réussir à tout prix en un an. Sa carrière politique, son ambition sont directement indexées sur la rénovation. Il veut en être le chef. Il est au pied du mur.

Les adversaires de Ségolène Royal veulent la mettre dans la situation de contribuer elle aussi à la rénovation, espérant in petto qu'elle sera incapable de proposer un projet. Le défi pour François Hollande est exactement du même ordre. La nouvelle compétition qui s'est ouverte oblige les prétendants au leadership - parmi lesquels nous retrouverons Dominique Strauss-Kahn, et même Laurent Fabius qui va vraisemblablement se recentrer -, à se découvrir, à cracher projet et stratégie. Ils sont dos au mur. Ils ne peuvent pas gagner sans sortir du bois. Et à cet égard, ils sont tous dans la même situation. Que le meilleur gagne.


Serje JULY
source rtl2007.fr
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