Lettre ouverte aux présidentiables du Parti Socialiste

Je suis inquiet par cette tentation de transformer le congrès du PS en un congrès de pré-désignation à la présidentielle.
La droite, malgré une semaine noire est à l’offensive. Il n’y a pas un domaine de notre vie, économique, sociale, culturelle, voire institutionnelle qui ne fasse l’objet d’une agression, d’une remise en cause, d’une attaque. Droit de grève rogné, syndicats bousculés, voire stigmatisés ou décrédibilisés, libertés écornées dans la justice, l’immigration ou simplement à la télé, pouvoir d’achat à la baisse, santé, sécurité sociale, retraites attaquées, sans évoquer le pouvoir absolu du Président : les nôtres souffrent !
Alors dans la rue ou lors des municipales, l’opposition de gauche a besoin de clarté, d’imagination et d’union. Comment pourrions-nous dans ces conditions présenter le visage désolant des querelles d’ambitions ?
Notre parti est fragile, déclencher maintenant une querelle pour quatre ans engagerait le pronostique vital du P.S .
Vous ne gagnerez rien à précipiter un combat incertain au dénouement lointain. Il est illusoire de trancher préventivement la crise de leadership, car les perdants d’un jour n’auront de cesse de prendre leur revanche. Tous les jours, Il vaut mieux rassembler plutôt qu'éliminer, lorsque l’on se fixe un jour de rassembler la France.
Le rassemblement doit se faire par l’orientation et non par la désignation de l’un contre les autres. Car gagner dans ces conditions, c’est obligatoirement produire un régime intérieur du P.S visant à museler toute opposition. Le PS a besoin de respirer, d’ouvrir portes et fenêtres, de s’ouvrir aux autres, à la vie d’aujourd’hui.
Nous avons besoin d’une orientation claire et cohérente. D’une gauche des temps modernes, d’un socialisme du réel. Et point de faux débats ou de postures pour se départager. Nous avons besoin de fixer la stratégie du parti : celle du parti de toute la gauche et non d’utiliser les alliances pour se départager. Nous avons besoin d’un collectif et surtout pas d’un despotisme plus ou moins bien éclairé. Nous avons besoin d’une opposition de projet et pas d’une opposition tenaillée, "bringuebalée" par les débats de personnes.
Précipitez pas ! La querelle des présidentiables n’est qu’un substitut au renouveau de notre formation, il faut respecter le calendrier qui a été adopté, la désignation à la présidentielle n'aura lieu que dans trois ans. N’affaiblissez pas l’union déjà fragile des socialistes. Vous porteriez un coup majeur à la gauche à un moment où elle n’est pas au mieux de sa forme.
Nul n’est illégitime, ni éliminé à priori de la présidentielle, il n’y aucune raison de se précipiter !
Travaillons ensemble à un congrès d’union, au congrès inaugurant un cours nouveau, c’est le meilleur service que nous pouvons nous rendre collectivement.
Jean Christophe CAMBADELIS