Dominique Strauss-Kahn était l'invité de RTL ce matin

Interrogé sur l'évolution de la croissance en Europe, et notamment en France, Dominique Strauss-Kahn a tenu à préciser que cette croissance " sera plus faible. ".
" Elle ne sera pas obligatoirement catastrophique, elle continuera d'exister, et surtout la croissance mondiale. Parce que ce qui se passe qui intéresse les Français, et c'est bien normal, c'est ce qui se passe pour la croissance en France et donc en Europe ; mais lorsque l'on regarde la croissance dans l'ensemble du monde, on voit que les pays qui tirent la croissance : la Chine, l'Inde, le Brésil sont peu touchés par la crise. Donc, la croissance mondiale continuera cette année d'être relativement forte, décalée aux États-Unis et en Europe ".
Et de rappeler la prudence " parce que si demain, quelques banques énormes révèlent des choses qu'on ne sait pas encore, ... alors évidemment il y aura une appréciation différente. Le risque est donc présent. Mais pour le moment, de ce que l'on sait, la transmission à l'économie réelle, c'est-à-dire au comportement des entreprises, des particuliers de cette crise financière ne s'est pas encore traduite par une diminution massive de la croissance ".
Dominique Strauss-Kahn a par ailleurs estimé qu'une croissance de 2,25% en France en 2008, telle que la prévoit le gouvernement, serait " difficile à atteindre ". En cause, notamment, l'impact de la crise des crédits à risque aux Etats-Unis, qui a entraîné une forte perturbation du système bancaire et des marchés.
Dominique Strauss-Kahn a même conseillé au gouvernement de " revoir " ses prévisions de croissance " pour les six premiers mois "de 2008. " Il se pourrait que la fin de l'année 2008 soit un moment de rebond, si l'on s'aperçoit que finalement tous les comptes ont été apurés et que la confiance revient», a-t-il noté. Ce «n'est pas le cas aujourd'hui, je ne suis pas particulièrement optimiste sur la deuxième moitié de l'année», a-t-il précisé, tout en soulignant que «la tendance peut s'inverser ".
Quant au point de savoir si la tentative du gouvernement français de sortir des 35 heures, paraissait être, pour le Directeur général du FMI, une bonne ou une mauvaise chose, Dominique Strauss-Kahn a été trés clair " Il n'y a pas d'opinions particulières du FMI sur la sortie des 35 heures. J'ai une opinion en tant que Socialiste. Moi j'ai considéré que nous avions fait avec un certain nombre de maladresses, quelque chose qui allait dans le sens de l'augmentation de l'emploi, et je crains donc un peu les conséquences sur l'emploi de ce qui va être conduit".
Et de rappeler que " ce qui est particulier quand même quand on regarde d'un peu plus loin l'économie française, c'est pas tellement ce qui fait le débat politique de tous les jours. Ce qui est particulier, c'est de se dire : mais comment se fait-il qu'une économie aussi riche, c'est vrai pour la France, c'est en partie vraie pour l'Europe, plus pour la France peut-être, n'est pas capable d'investir plus dans la recherche, dans l'université, dans la jeunesse, dans ce qui fait demain ? Après, on peut débattre pendant des heures sur les 35 heures ; mais c'est derrière nous, les 35 heures ".
" Ce qui est devant nous, c'est la capacité de résister, entre guillemets, à la pression que vont exercer des milliers d'ingénieurs indiens, des milliers d'ingénieurs chinois. C'est le fait que la France, notre pays, est sur l'ensemble de la planète un pays de taille moyenne. Et par conséquent, s'il veut résister, il ne peut pas résister par la masse, il doit résister par la qualité, par la formation. Et l'effort que nous faisons dans cette direction, est sans doute insuffisant " .
Enfin malice journalistique ou pas, Jean-Michel Apathie a tenu à demander à son invité s'il pensait à une éventuelle candidature à la présidentielle de 2012.
Dominique Strauss-Kahn , non sans malice aussi , s'est simplement contenté de répondre : " Je ne m'investis pas dans le débat politique français. En revanche je m'intéresse de très près aux problèmes qui sont ceux des Français ".
Dominique Strauss-Kahn , non sans malice aussi , s'est simplement contenté de répondre : " Je ne m'investis pas dans le débat politique français. En revanche je m'intéresse de très près aux problèmes qui sont ceux des Français ".
Philippe PUGNET