La direction du FMI met en garde contre un choc budgétaire

Publié le par SD32

si--ge-du-fmi.jpg" L’intensification de la crise de liquidité est si grave, que la seule baisse des taux d’intérêts ne suffirait pas à sortir de l’agitation dans laquelle nous sommes " a précisé Dominique Strauss-Kahn.

Dans une volte face radicale pour une institution internationale qui, à l’automne, appelait à la poursuite de l’affermissement budgétaire aux USA, Dominique Strauss-Kahn, le nouveau directeur du FMI a donné un feu vert à une politique de relance budgétaire et a appelé les autres pays à en faire autant.

"Je ne crois pas que nous sortirons de la crise par de simples outils monétaires » Une nouvelle politique budgétaire est probablement, aujourd’hui, un moyen tout à fait approprié de répondre à la crise ".

Les propos de Dominique Strauss-Kahn sont en rupture avec un consensus de longue date qui posait que l’on avait besoin d’une relance budgétaire aux USA et au Japon pour réduire les importants déséquilibres commerciaux.

Cela se déroule à un moment où le FMI doit présenter de nouvelles prévisions économiques cette semaine qui, selon le directeur du Fonds, montreront un ralentissement sérieux et qui nécessiteront une réponse sérieuse. La réserve fédérale américaine entame des rencontres demain et les marchés attendent un demi-point de plus que la baisse de 0,75 % de la semaine dernière.

Le changement de position radical de Dominique Strauss-Kahn a surpris Larry Summers, l’ancien secrétaire au Trésor pour qui la politique du FMI se résume à : « l’essentiel est dans le budget » car le Fonds a pour mission d’être dur avec les pays qui font preuve de laisser-aller en matière budgétaire.

Mais sa préoccupation à l’égard des perspectives économiques d’un ralentissement aux Etats-Unis suivi par une réaction molle des autres pays face à la demande mondiale est telle, qu’il soutient Dominique Strauss-Kahn.

" Pour la première fois en un quart de siècle un directeur du FMI préconise l’augmentation du déficit budgétaire. J’y vois la reconnaissance de la gravité de la situation que nous avons à affronter " a déclaré Larry Summers.

L’humeur morose à Davos fut accentuée ce week-end par John Thain, le nouveau patron de Merrill Lynch qui a prédit que les problèmes liés à la crise des subprimes s’étendraient au crédit à la consommation. " Il se passera du temps avant un retour à la normale dans le système bancaire " a-t-il dit.

Thomas Russo, vice-président de Lehman Brothers a déclaré : " sans intervention publique, le tableau de l’économie est très terne, mais avec une intervention publique, on a une chance raisonnable de le stabiliser ".

L’appel du FMI aux pays à fortes positions budgétaires à desserrer leur budget a été approuvé par Christine Lagarde, la ministre des finances en France ainsi que par son homologue indien, Palaniappan Chidambaram. Madame Lagarde a suggéré que l’Allemagne ouvre la marche, tandis que Monsieur Chidambaram a dit que l’Inde disposait d’une marge de manoeuvre si nécessaire, pour prendre des mesures de relance budgétaire.

Mais dans une référence directe à la Chine, inhabituelle, il a exhorté Pékin à jouer son rôle. "La Chine a une énor-me capacité à encourager la consommation intérieure ".

Cependant, le manque de confiance envers la Chine de la part de communauté internationale dans sa capacité à compenser le ralentissement de la consommation aux Etats-Unis incite plusieurs pays à desserrer l’étau dans leur politique budgétaire.

Cela dit, au milieu du soudain enthousiasme pour les politiques de relance budgétaires, quelques uns appellent à la prudence. Le Professeur Ken Rogoff de Harvard et ancien économiste au FMI a prévenu que les aides budgétaires génèrent "plus de mal que de bien dans la plupart des cas " car elles créent des situations budgétaires insoutenables sur le long terme et qu’elles obligent à des corrections douloureuses.

Source FT (Chris Giles et Gillian Tett )

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