Jean Christophe Cambadélis : analyses & perspectives

Publié le par SD32


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L’esprit de cour pris de cours

Dans le « Bantoustan » des riches, Neuilly Sur Seine, ça castagne dur ! Le porte parole de l’Elysée, David Martinon imposé dans la capitale des hauts de Seine par le Président de la République comme « cadeau » à Cécilia, est débarqué par un complot au milieu duquel se trouve Jean le fils de Sarkozy. On dit… mais on dit… Tellement de choses… ce dernier aurait fait dans le « papa m’a dit » pour emporter la conviction de quelques conjurés.

Il n’en faut pas plus pour que la France-médias s’enflamme. Le monde est inquiet, le G7 est impuissant face à la crise financière. Il déclare dans un communiqué « les temps sont difficiles… le monde est menacé d’un ralentissement ».

Mais dans un climat qui prend au mot ce 40ème anniversaire de Mai 68, avec son mot d’ordre « jouir sans entrave et sans temps mort », la presse rigole du fait du jour : « Du rififi à l’UMP de Neuilly », à la Une de Midi Libre ; « Neuilly sur pataquès » dans Le Dauphiné libéré ; « Du rififi dans le fief de Sarkozy », pour Le Parisien-Aujourd’hui en France ; « Couac à Sarkoville », à la Une de Libération ; « Micmac à Sarkoland » à la Une de Métro ; « Coup d’état d’opérette » pour Le Républicain Lorrain. « Pour Martinon, lâché par l’Elysée, les carottes sont cuites », annonce Le Figaro et pour Le Parisien « l’affaire est grave », pour Le Journal de la Haute-Marne, c’est tout simplement « abracadabrantesque ».

Dans notre monarchie républicaine la presse a une fâcheuse tendance à être la gazette de la cour. Il est vrai que le Président de la République n’hésite pas une seconde lorsqu’il faut l’alimenter. Car on ne peut pas évacuer l’idée que le « pauvre Martinon » soit la victime collatérale de l’affrontement entre l’ex première dame de France et le Président de la république.

En effet dans le conflit qui oppose le Président au Nouvel Observateur à propos du Sms qui tue: « Reviens et j’annule tout », on est au moins sûr d’une chose c’est que Cécilia n’a rien démenti. Donc sans préjuger de la source, la non dénonciation de l’info vaut confirmation. On imagine l’embarras du président tout juste marié. La guerre est totale et je serais Rachida Dati, je me méfierai, le monarque va régler ses comptes.

Tel est l’incroyable comptine que les français découvrent incrédules à la Une de leurs quotidiens, avant que Martinon jette l’éponge.

Une guerre d’opérette certes, dans un pays qui ne s’amuse pas du tout, ça peut très mal se terminer.

NON à la grande coalition

La victoire annoncée un peu vite comme nous le répétons depuis trois semaines, crée pourtant un climat particulier qui vient de toucher l’Elysée. Comment sortir de la désaffection de son camp alors qu’elle risque de se transmuter en un vote sanction ? A près avoir beaucoup réfléchi le Président de la république se lance d’abord dans des promesses tout azimut. Mais comme il déclare en même temps qu’il n’y a rien en caisses, cette multiplication des promesses électorales ne trompe personne.

Et le gain de un point dans les sondages est quand même limité. Deuxième opération, après le « raz de terrain » la « hauteur de vue », ce sera le discours sur l’Europe. Le message fonctionne en trois temps… avec moi la France est de retour… j’ai fait aboutir votre message… bref, je vous ai compris… Enfin, la France présidera l’Europe en juillet. Sous entendu ne gâchez pas cette chance par une colère hors de propos, car de toute façon je continue.

Bien essayé ! Mais comment cela peut réussir dans un pays où les français ont des fins de mois qui durent trois semaines ? Quelle que soit l’ampleur du résultat, une chose est sûre : il est peu probable que la France lance un message de satisfecit pour dix mois de pouvoir Sarkozien. Et par ce discours Sarkozy vient d’en prendre acte et lâcher sa majorité. Ma temporalité n’est pas la vôtre…

Mieux Sarkozy dans son discours propose un compromis implicite à l’opposition… une cohabitation, la grande cohabitation. A lui le pouvoir central, à la gauche le pouvoir local ! Un Sarkozy recentré sur l’intérêt européen avec quelques accents gauche… « Excès du libéralisme », « les errements européens que l’on a connu », « voire la monnaie ».

Bref, après « Sarko la rupture », « Sarko le libéral », « Sarko amoureux », c’est « Sarko impérial » inaugurant l’empire libéral. Le risque est grand qu’une victoire socialiste produise une onde de choc inversement proportionnelle à la défaite présidentielle.

L’objectif implicite, fixé par le 1er secrétaire, de 200 mairies de plus de 20 000 habitants, combiné à quelques prises espérées ou inespérées, le tout bordé par la conquête de nombreux conseils généraux, va renforcer la base sociologique du girondisme socialiste. Dans le même temps le climat va changer, on passera de la recherche de l’homme ou de la femme providentiel… au glacis sidéral.

Alors qu’il faut utiliser le climat apaisé du PS par la victoire, si elle intervient, pour porter sur ces fonds baptismaux un « nouveau PS ».

C’est l’idée et la volonté des « reconstructeurs » : Faire émerger un Parti socialiste moderne doté d’une nouvelle charte, d’une nouvelle stratégie, d’une nouvelle équipe.


Le premier pas avec Arnaud Montebourg

Montebourg-2.jpg Les parlementaires de « Rénover maintenant » et de « Socialisme & Démocratie », en tout une bonne trentaine de députés et de sénateurs se sont réunis pour évoquer les suites à donner à notre « contrat de rénovation ».

Après mon introduction avec Arnaud Montebourg, une vingtaine d’inscrits ont pu échanger dans un climat pour le moins détendu.

Si chacun a pu mesurer le décrochage du pouvoir Sarkozien dans l’opinion; si la plupart des interventions ont été marquées d’un souci de responsabilité dans ce moment de combat électoral, tous les participants ont souhaité que la victoire la plus ample possible les 9 et 16 mars prochains, ne débouche pas sur un lâche soulagement, mais sur un encouragement à la reconstruction.

On peut résumer les interventions autour de 3 idées :

D’abord, vite… il faut travailler à approfondir nos approches respectives avant la fin des élections municipales.

Ensuite, clair… il faut trancher nettement pour un socialisme moderne, fixer les enjeux d’un parti de toute la gauche, faire du congrès un rendez-vous pour la reconstruction et pas pour la désignation.

Enfin, ensemble… il ne faut pas confisquer le débat au sommet mais permettre à chacun de s’en saisir.

La rénovation, le congrès, ne sont pas une affaire de candidats ou d’états major mais doivent être l’œuvre de tous.

Ce premier rassemblement n’est exclusif d’aucun autre. Mais il faut tenter de rendre la vraie rénovation majoritaire. Il n’est pas l’heure de s’engluer dans les affaires de personnes ou les querelles du passé.

Arnaud Montebourg de conclure « nous ferons tout pour obtenir un accord de principe autour d’un bloc reconstructeur. Mais au cas où ceci serait impossible, nous présenterons une contribution commune ».

Voilà un premier pas qui en appelle d’autres.
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