L'engagement européen du Parti socialiste français

Publié le par SD32

La nouvelle déclaration de principes du Parti socialiste, qui sera la cinquième de son histoire, confirme et accentue l'engagement européen des socialistes français. Pour la première fois, le PS se présente explicitement comme "un parti européen". Pour la première fois, il souligne qu'il agit "dans l'Unioneuropéenne". Pour la première fois, il affirme que celle-ci a été non seulement "voulue", mais aussi en partie "conçue et fondée" par lui.

Certes le PS a toujours été un parti proeuropéen. C'est le gouvernement de Guy Mollet qui a signé le traité de Rome en 1957. Dans les années 1980, ce sont deux personnalités socialistes - François Mitterrand à la tête de l'Etat, Jacques Delors à la présidence de la Commission - qui ont contribué le plus activement, du côté français, à la relance de la construction européenne.
Mais en même temps les socialistes français n'ont jamais été unanimes dans leur soutien à l'entreprise communautaire.

Ils se sont divisés sur le projet de Communauté européenne de défense, rejeté en 1954 par l'Assemblée nationale. Un grand nombre d'entre eux n'ont cessé d'exprimer leur méfiance, voire leur hostilité, à l'égard d'un marché commun jugé trop favorable aux règles du libéralisme et de la concurrence. Les débats auxquels a donné lieu le référendum sur la Constitution européenne ont montré la persistance de ce courant. Aussi est-il remarquable qu'un document appelé à définir solennellement l'identité du PS se réclame, sans la moindre réserve, de l'Union européenne, considérée comme le cadre incontournable de son action, et qu'il revendique la part de responsabilité des socialistes dans cette expérience.

On objectera peut-être que ces formules sont trop générales pour caractériser une politique et que leur adoption ne changera rien, dans la pratique, aux choix européens du PS. Sans doute. Mais il est intéressant de comparer la déclaration de 2008, sur laquelle les socialistes voteront, lors d'une convention nationale, le 14 juin, aux quatre précédentes. Celle de 1905 expose les ambitions du nouveau parti et ses règles d'organisation sans faire référence à l'Europe. Celle de 1946 précise que le Parti socialiste est un parti "tout à la fois national et international", mais elle n'en dit guère plus. Celle de 1969 indique que les socialistes travailleront à "l'établissement de nouveaux rapports entre les nations" et mentionne, sans autre explication, les "communautés supranationales".

Le document de 1990 est le plus explicite. Il proclame que "le Parti socialiste fait le choix de l'Europe pour donner aux nations qui la composent les moyens d'affronter les défis de l'avenir". Il estime que la Communauté européenne sera "un élément moteur", à condition "qu'elle ne se réduise pas à un simple marché", et invite les socialistes à "accélérer la construction européenne dans toutes ses dimensions : politique, économique et sociale".

Le texte de 2008 va plus loin, expliquent ses rédacteurs. Selon Henri Weber, député européen, l'Europe est désormais reconnue comme "l'espace pertinent de la réforme". Pour son collègue Harlem Désir, le projet socialiste ne s'inscrit plus dans une Europe abstraite mais dans la construction européenne telle qu'elle s'est développée depuis un demi-siècle.

En mettant l'accent sur le rôle déterminant de l'Europe communautaire, les socialistes ne renoncent pas à en réorienter les politiques, notamment pour favoriser le progrès social et la diversité culturelle. Mais ils affirment avec force que rien ne peut se faire hors de l'Union européenne. Symboliquement, le message est moins anodin qu'il n'y paraît.


Par Thomas FERENCZY - chroniqueur au Monde

 





Publié dans Parti Socialiste

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