La partie est devenue de plus en plus difficile pour Hillary .

Publié le par SD32

Chacun sent, chacun sait que la partie est devenue plus que difficile pour Hillary Clinton. Elle est en retard en nombre de délégués, de primaires gagnées, de votes exprimés, de super délégués maintenant – ceux-ci  souhaitent désormais éviter le scénario catastrophe, qui conduirait le parti à régler la question de sa candidature à la Convention de Denver.

Cette défaite, inattendue tant elle était à l’origine favorite, doit beaucoup à Mme Clinton et à son mari Bill, l’ancien Président des États-Unis.

Elle a trop ciblé les grands États, visé des financements traditionnels, été successivement centriste et populiste, elle a été maladroite sur le problème racial, là où son rival Barack Obama a travaillé les « caucus », élargi le cercle de ses donateurs, défendu une thématique générale, presque vague, mais éloquente et rassembleuse.

A-t-elle déjà perdu la bataille ? Elle se refuse à l’admettre, attend la décision du parti sur les primaires non orthodoxes de Floride et du Michigan, le résultat des dernières confrontations, par exemple en Virginie occidentale et à Porto Rico. Cela ne suffira pas, probablement. Sans doute était-elle – j’en ai la conviction, même si je suis sensible au grand talent de Barack Obama – la mieux à même de l’emporter face à John McCain, en réunissant la base populaire des démocrates, en gagnant les « swing states ».

Incontestablement, elle est la plus armée pour être Présidente des États-Unis. Mais elle ne sera vraisemblablement pas la candidate de son parti, qui sortira divisé et affaibli d’une confrontation trop longue, brutale, incertaine, clivante – contre-exemple à méditer pour le PS, au passage – et abordera en situation de faiblesse relative une élection qui lui semblait promise face au candidat, vieillissant mais armé de son expérience, d’un parti républicain discrédité par huit ans de bushisme. Si les démocrates veulent, malgré tout, revenir à la Maison Blanche, il faut sortir le plus vite possible de cette crise.

Les scénarios se multiplient

Retrait élégant d’Hillary après sa prochaine victoire ? Le climat de ne semble pas assez pacifié pour cela. « Ticket » Obama/Clinton ? Il ne serait pas forcément complémentaire ni convivial – même si Kennedy et Johnson l’avaient fait en 1960 – il risquerait d’amoindrir l’image rénovatrice d’Obama, il rendrait difficile la reconquête du Sud et du Midwest, mais cela reste une possibilité.

Vote en bloc des super délégués pour le candidat en tête des primaires ? Il est possible, aussi, qu’un mouvement se produise chez eux pour conjurer le spectre d’une Convention « pourrie ». L’issue, en réalité, est connue à 99 % : Barack Obama sera le candidat du parti démocrate, il sortira douloureux vainqueur d’une primaire qu’Hillary Clinton n’aurait jamais dû perdre. Celle-ci, au fond, devrait aujourd’hui se poser deux questions – qui malheureusement peuvent aboutir à des conclusions opposées : quel est l’intérêt du parti démocrate, comment peut-elle conserver ses chances pour l’avenir ?

C’est, en tout cas, à un incroyable feuilleton que nous assistons : espérons que la passion et le suspense qui l’ont émaillé n’en terniront pas la conclusion.

Pierre Moscovici

Publié dans Primaires démocrates

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