Sarkozy a mené une «diplomatie égocentrique, cynique, sans principes» avec la Russie

Certes, «le président de la République a fait preuve d’énergie», de «détermination», mais «on a joué cavalier seul, on n’a pas fait avec les Européens, notamment avec les Allemands qui sont plus fermes que nous par rapport aux Russes». Avec l’accord de paix négocié par Sarkozy, président de l’Union européenne, «le cessez-le-feu a été fait aux conditions des Russes», a souligné le prétendant à la direction du PS.
Il s’est dit notamment «scandalisé qu’on n’ait pas parlé de l’intégrité territoriale de la Géorgie, qu’on n’ait pas évoqué le statut futur de l’Abkhasie et de l’Ossétie du sud, qu’on n’ait pas respecté les règles du droit international».
"Comment s’étonner dans ces conditions que les Russes s’essuient les pieds sur cet accord de cessez-le-feu?», a poursuivi M. Moscovici. «Ce n’est pas comme ça qu’on grandit l’Europe, ce n’est pas comme ça qu’on agit en Europe, cette diplomatie est une diplomatie égocentrique, cynique, sans principes et beaucoup trop complaisante avec les forts."
Concernant l'Afghanistan, Pierre Moscovici a estimé que la France est face à «une impasse militaire qui est totale et durable». «Ce sont les services de renseignement français qui le disent. A partir de ce moment-là, il faut s’interroger sur le fait de savoir» si la stratégie suivie «est juste». «Je ne plaide pas pour le retrait des troupes françaises (…) parce qu’il ne faut pas céder devant les talibans», a-t-il précisé. Mais la question se pose d’une «réorientation de la stratégie en Afghanistan», d’une stratégie «purement militaire» à «une stratégie politique».
Il a souligné qu’en 2001, lorsque le Premier ministre socialiste Lionel Jospin avait envoyé des troupes dans ce pays, «il s’agissait de renverser les talibans» et qu’«aujourd’hui le contexte n’est pas le même».
«Le président de la République a souhaité se réengager dans le commandement militaire intégré de l’Otan, il s’est passé un rapprochement spectaculaire avec les Etats-Unis et il se passe que nous sommes effectivement en train de partager le fardeau d’une guerre dont on doit s’interroger sur les buts», a-t-il affirmé.
Le député du Doubs a par ailleurs estimé que si le candidat démocrate Barack Obama était élu aux Etats-Unis, «l’unilatéralisme américain serait moindre, mais ne s’arrêterait pas». «Sur l’Afghanistan, il y aura un désaccord avec Obama comme il y a un désaccord avec Bush», a-t-il dit.
Source LIBERATION