Les silences de DSK

Publié le par SD32

Je l'avais dit à plusieurs reprises, le principal risque pour Socialisme & démocratie, c'était la "rocardisation" : une domination idéologique certaine et une intelligence stratégique relative. C'est au final ce qui s'est produit. Quelques uns épiloguent encore sur cet étrange échec. ... Mais que reste-t-il des strauss-kahniens ?

On ne va pas pousser le ridicule à dire qu'il existe maintenant des strauss-kahniens ici et des strausskistes ailleurs, mais la diaspora DSK est bien réelle car l'homme, en cela héritier de Jospin n'a jamais réellement voulu organiser de courant si structuré que cela.


Il a fonctionné, à l'instar de Lionel sur le monde de la libre adhésion. Certes, il a indiqué comment et avec qui la suite devait fonctionner, mais il n'a pas insisté sur le respect de la parole donnée. C'est pourquoi le peu de mots qu'il a prononcé furent écouté avec plus ou moins d'attention.


Probablement que si certains de ses amis avaient su tenir leur langue et ne s'étaient pas répandu dans Paris sur tel déjeuner, il n'aurait pas été contraint de se taire. Ses rendez-vous estivaux ont été ignorés et au final, quoiqu'il aurait pu dire, ç'aurait été beaucoup trop tard. Tel Mitterrand en 1986-1990, sommé de choisir entre Fabius et Jospin, avec l'explosion que l'on sait au congrès de Rennes, Strauss-Kahn n'a pas tranché si nettement que cela entre les deux compères. Mais il ne pouvait en être autrement.


SD c'était moins un courant structuré qu'une aventure collective, une bande de complices... Avec le recul, on peut se dire que si DSK a, en 2005 et 2007 fait de Cambadélis l'animateur du courant, la candidature de Moscovici était alors inélégante dans la mesure où elle procédait d'une démarche unilatérale alors qu'il aurait pu tenter de séduire ou au pire réduire ceux pour qui une telle ambition n'allait pas de soi. Mais cela appartient au passé et on continuera de réécrire l'Histoire encore longtemps.


Les fidèles sont partout et nulle part puisque personne ne renie les idées, tout le monde s'en réclame. Certes, il y a déjà des "post-strausskahniens", mais bon... On peut simplement se demander dans quelle regroupement l'espace stratégique est le plus large pour construire la suite. Mais on n'y est pas encore.


Dominique Strauss-Kahn a pris la parole pour parler d'un sujet plus grave que l'avenir des ses amis qui sauront toujours retomber sur leurs pieds. On ne peut pas en dire autant de l'économie mondiale. Durant la campagne interne, nous avions développé avec lui l'idée des "nationalisations temporaires" pour aider les entreprises en difficulté, notamment les PME dans le cadre d'une politique de réindustrialisation du pays.


Quand on constate que la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis ont eu recours, sans hésiter, à cette méthode pour venir au secours d'une économie en danger, on se dit que le bonhomme a encore des choses à faire pour servir.


Si le FMI devient le contrôle de la finance internationale, on aura franchi un très grand pas dans la régulation des marchés et atteint un des buts historiques de la social-démocratie car si comme le dit Henri Weber, "le marché est un bon serviteur, mais un mauvais maître", à défaut de le former, il faut le surveiller. Surveiller et intervenir.


Voilà une belle idée qui serait plus crédible que la gauchisation temporaire de Sarkozy.

 

Par Pierre Kanuty

Source http://pek.blogs.com/pek/

Publié dans Parti Socialiste

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