Martine AUBRY : "l’essentiel est de se rassembler pour porter ensemble les réponses qu’attendent les Français. "

Publié le par SD32

Martine AUBRY a accordé un entretien au Parisien/Aujourd'hui France dont Socialisme & Démocratie 32 reproduit la totalité.

Benoît Hamon affirme que la campagne « dégénère » et évoque sa crainte d’une « disparition du PS ». Partagez-vous son inquiétude ?

Martine Aubry. Aucunement. Je mène campagne depuis deux mois. Je suis allée tous les soirs dans les fédérations. Même à Reims, nous avons assisté à un vrai congrès politique puisque, très nettement, deux lignes se sont distinguées. Bien sûr, le PS a donné l’image d’un parti en mauvaise santé. C’est pour cela que je propose de le changer.

Ne croyez-vous pas que vos divisions profitent à la droite ?

La droite se réjouit un peu trop vite. Elle n’a plus que deux ou trois jours pour rire. Dès la semaine prochaine, les socialistes seront au travail pour dénoncer son action et proposer des réponses aux Français.

Ségolène Royal évoque un « front » contre elle…

Je récuse ce terme. Pour moi, il n’y a pas de problème de personnes. Il faut faire un front des socialistes pour les Français !

Mais qu’est-ce qui, au fond, vous sépare de sa proposition politique ?

Ségolène Royal fait de la politique différemment de moi, elle a une autre conception du parti. Elle propose des priorités et une analyse de la société qui ne sont pas les nôtres. Face à la crise par exemple, nous sommes convaincus qu’il ne suffira pas de sanctionner quelques banquiers et d’instaurer des règles pour changer un système qui marche sur la tête. Nous proposons de remettre l’économie devant la finance et une distribution plus juste des revenus : la hausse immédiate du smic et des salaires fait partie de nos priorités. Nous souhaitons aussi rénover les services publics.

Mais quelles sont les marges de manoeuvre dont dispose l’Etat ?

La loi Tepa (NDLR : ou « paquet fiscal », qui prévoit notamment la défiscalisation des heures supplémentaires) coûte 15 milliards d’euros au budget. Si le président de la République ne veut pas la supprimer, qu’il la mette au moins entre parenthèses. Elle empêche la relance de l’économie au moment même où la croissance est en panne. Avec la droite, les niches fiscales sont passées de 50 à 70 milliards d’euros. On peut bien trouver dans tout cela 15 à 20 milliards. Avec cet argent, l’Etat peut augmenter le pouvoir d’achat des ménages et des retraités, construire des logements sociaux et aider les collectivités locales qui investissent.

« Si je suis premier secrétaire, il n’y aura pas d’alliance avec le MoDem »

Pensez-vous comme d’autres socialistes qu’il faut interdire les licenciements quand une entreprise fait des bénéfices ?

C’est beaucoup plus compliqué ! En revanche, quand une entreprise gagne de l’argent, elle doit reclasser l’ensemble des salariés et recréer autant d’emplois qu’elle en a supprimés car elle a une responsabilité sociale sur son territoire.

Sur la conception du parti, qu’est-ce qui vous différencie ?

Le PS doit d’abord être un parti de militants pour des valeurs. Et non pas une organisation derrière une personnalité. Nous restons fidèles à une alliance avec les partis de gauche. Il n’est pas question de se déporter vers le MoDem.

Pourtant, vous avez tissé une alliance avec le MoDem à Lille lors des municipales…

J’ai suivi la position unanime du bureau national du PS. Que disait-il ? Au niveau national, il n’y a pas d’accord possible. Mais si, pour des élections locales, des personnalités étaient dans la contestation totale du président de la République tout en adhérant à notre projet, alors oui, elles pouvaient rejoindre la gauche. J’ai appliqué cette règle. Que les choses soient claires : si je suis premier secrétaire, il n’y aura pas d’alliance avec le MoDem.

« Le renouvellement, ce n’est ni l’âge ni l’image »

Vos concurrents vous assimilent au « vieux parti »…

Le PS n’a pas fonctionné correctement ces dernières années et j’en prends ma part de responsabilité. Mais, le renouvellement, ce n’est ni l’âge ni l’image. Bien sûr, le renouvellement des générations est nécessaire et nous sommes tous d’accord sur ce point. Je m’engage à rassembler toutes les générations comme toutes les sensibilités dans les instances du parti. Mais la vraie rénovation, c’est celle des idées.

Si vous arrivez à la tête du PS, quelle sera votre première mesure concrète ?

Mettre en place une équipe et rencontrer Ségolène pour voir comment travailler ensemble. Je lui tendrai la main. Il nous faudra très vite rencontrer les organisations syndicales face à la situation sociale, et rencontrer les socialistes européens pour élaborer un programme pour la campagne européenne de 2009.

En visant Bertrand Delanoë, la présidente de Poitou-Charentes regrette que certains socialistes aient perdu « le sens de l’honneur »…

C’est un manque de respect vis-à-vis de Bertrand et de la personnalité qu’il représente. Il lui a répondu de manière très juste en disant que « l’honneur, en démocratie, consiste à défendre avec constance des convictions sincères ».

Le premier secrétaire sera-t-il le candidat naturel du PS pour la présidentielle de 2012 ?

Absolument pas. Aujourd’hui, personne ne s’impose. Quand nous aurons un beau projet en 2011, qui aura été élaboré collectivement, nous saurons choisir le ou la meilleur(e) pour le défendre.

A deux jours du vote, êtes-vous optimiste sur l’issue du scrutin ?

Je suis confiante parce que ce sont les militants qui choisissent, eux qui n’ont jamais laissé s’amollir nos valeurs. L’essentiel est de se rassembler pour porter ensemble les réponses qu’attendent les Français.

Source La Parisien

Publié dans Parti Socialiste

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article