I was there, on January the 20th of 2009 !

Il y a des moments dans la vie qu'on n'oubliera jamais. Celui-ci, ce 20 janvier 2009 en était.
Nous sommes partis pour le Mall vers 9h et sommes arrivés au pied du Washington Monument vers 10h1/2 tant la foule était déjà dense dans un Washington piéton comme je ne l'avais jamais vu.
Serrés les uns contre les autres, le vent semblait moins froid (un wind chill de -15 aujourd'hui). Mais quand le soleil est passé derrière l'obélisque, l'ombre était glaciale.
Deux millions de personnes, parait-il, étaient là, entre le Capitole et le Lincoln Memorial: 3kms, 3kms1/2 de foule compacte, emmitouflée, joyeuse, mélangée. Beaucoup avaient des sacs de couchage et avaient dormi sur place. Pour passer le temps, on discutait avec les voisins, on saluait par des BOOO... ou des applaudissements les personnages qui défilaient sur l'écran qui était à 200 mètres de nous.
Applaudis, Carter, les Clinton, Ted Kennedy qui avait l'air vaillant, bien que quelques heures plus tard, il ait été évacué du déjeuner à cause d'une nouvelle attaque cérébrale. Cet homme, frère des deux disparus, jeune fêtard déshonoré il y a 35 ans par la terrible affaire de Chappaquiddick - où son assistante avait trouvé la mort dans la voiture qu'il conduisait et qui était tombée dans l'eau sans qu'il la secoure, tellement il avait bu ou tellement il avait peur -, est devenu l'un des hommes les plus respectés des Etats-Unis. Un formidable législateur qui a passé sa vie au Congrès à faire oublier ses erreurs de jeunesse.
L'ambiance était telle que même la bénédiction du Révérend Warren qui m'était fondamentalement antipathique pour ses prises de position homophobes et contre l'avortement, m'a parue de qualité.
Evidemment, l'apparition de Bush a été sifflée. Que dire de celle de Dick Cheney, qui est arrivé - ô symbole, là aussi - en chaise roulante. Fin sans grâce d'une présidence désastreuse.
Et Obama vint. Ainsi que la belle Michelle dans une tenue un peu dorée à mon goût mais qui lui allait bien tant elle a de l'allure. Les deux petites étaient à croquer et Obama à son arrivée, avait le port de tête altierde celu qui sentait la gravité de l'instant et déjà , me semble-t-il, la solitude du pouvoir.
Aretha Franklin (Madame Aretha Franklin devrais-je dire), Itszak Perlman, un des meilleurs violonistes du monde et YoYo Ma, le meilleur violoncelliste depuis Rostropovitch, ça nous avait une autre allure que Enrico, Mireille et Barbelivien - qu'ils me pardonnent! Dommage qu'ils aient joué du John Williams, sorte de soupe musicale, qui n'était à la hauteur ni de l'événement, ni des interprètes... Ils auraient pu jouer du Bernstein ou du Gershwin, cela aurait été autre chose... Enfin... Le soleil était revenu derrière la colonne et on avait un peu moins froid.
La prestation de serment et le discours, vous l'avez tous vu dans le monde, tous lu, j'imagine... J'ai bien aimé le message au monde, d'une Amérique amie du monde musulman, mais forte pour se défendre.
Oserai-je dire - sans casser l'Obamania - que j'ai quand même trouvé son discours un peu moins beau que celui du 4 novembre dans la nuit de Chicago où tout le monde pleurait? Il restera une phrase forte: peu importe qu'un gouvernement (au sens de l'administration) soit nombreux ou resserré, l'important c'est qu'il soit efficace. Faire, agir, pour le plus grand nombre dans l'intérêt du plus grand nombre, c'est à cela qu'il sera jugé. Yes, we will! Yes, he's gotta do it!
Oserai-je dire - sans casser l'Obamania - que j'ai quand même trouvé son discours un peu moins beau que celui du 4 novembre dans la nuit de Chicago où tout le monde pleurait? Il restera une phrase forte: peu importe qu'un gouvernement (au sens de l'administration) soit nombreux ou resserré, l'important c'est qu'il soit efficace. Faire, agir, pour le plus grand nombre dans l'intérêt du plus grand nombre, c'est à cela qu'il sera jugé. Yes, we will! Yes, he's gotta do it!
Notre fin d'équipée fut moins grandiose et un peu fatigante: nous nous sommes retrouvés coincés, au coin de Constitution et de la 16ème - - facilement à 50.000 personnes - entre les sanisettes et les grillages que d'audacieux ont fini par renverser et piétiner pour qu'on ne finisse pas étouffés.
La remontée par la 18ème rue fut épique tant la foule était dense et le retour home fut long et gelé (ah les pieds!).
La remontée par la 18ème rue fut épique tant la foule était dense et le retour home fut long et gelé (ah les pieds!).
Rentrés, fourbus, assaillis par des amis affamés et glacés eux aussi. L'après midi s'est terminée devant la télé qui nous montrait la remontée de Pennsylvania du couple présidentiel, radieux, tantôt en voiture, tantôt à pied, malgré le vent glacial.
Et les gens, si sages et silencieux pendant la cérémonie sur le Mall, laissaient éclater leur joie, comme un jour de Libération, dans une sorte de grondement ininterrompu tout au long du parcours.
Evidemment on a acheté des mugs, des sacs, des affiches, des pin's, des tapis de souris à l'effigie du Grand Leader. Le culte de la personnalité, ça va pour une journée. Demain, Mr President, au boulot. Dans "West wing", on n'aurait pas fini la parade sans une crise internationale à régler: heureusement, on attendra peut-être quelques jours.
Once in a life time...