Dominique Strauss-Kahn se fait pédagogue de la crise et prône des valeurs socialistes

Pour le directeur du Fonds monétaire international, la principale condition pour sortir de la crise est d'assainir le secteur bancaire en faisant disparaître les actifs dits "toxiques", évalués par l'institution qu'il dirige à 1 700 milliards d'euros.
On ne sort pas de la crise, quel que soit l'argent qu'on met pour la relance – et il faut le mettre – si on n'assainit pas le secteur bancaire (...), si le crédit ne recommence pas à couler", a déclaré Dominique Strauss-Kahn.
De son point de vue, ni les Européens ni les Américains "ne mettent assez l'accent" sur le nettoyage du système bancaire. Il a appelé les pays du G20, qui se réunissent la semaine prochaine à Londres, à faire davantage "pour que les banques fonctionnent". Le directeur général du FMI a estimé qu'il faudrait deux à trois ans pour que l'économie mondiale rattrape l'intégralité des pertes dues à la crise.
S'exprimant en tant que patron du FMI Dominique Strauss-Kahn s'est montré réticent à commenter les affaires internes à la France. Il a néanmoins estimé que les salariés de l'usine de pneumatiques Continental de Clairoix, qui va fermer, ont été "trompés". "Au-delà des difficultés de l'industrie automobile, la façon dont ça s'est passé, c'est vrai, on a trompé les salariés", a jugé Dominique Strauss-Kahn. Il y a deux semaines, le groupe allemand, qui argue d'une chute brutale de la demande automobile, avait annoncé qu'il voulait fermer deux sites de production de pneus en Europe, un à Hanovre, où il a aussi son siège, et un en France, à Clairoix. Il a appelé à "faire pression" sur l'Allemagne pour tenter d'empêcher la fermeture.
Devant une question insistante sur l'opportunité du bouclier fiscal en France, Dominique Strauss-Kahn réplique: "Vous avez raison d'essayer, vous n'y arriverez pas!". En revanche, le patron du FMI a revendiqué son identité socialiste "évidemment, comme avant". Et d'ailleurs, selon lui, "c'est une crise des valeurs dans laquelle on est", "une crise de l'avidité", "une crise de la dérégulation".
Il faut "retrouver des valeurs de solidarité, des valeurs social-démocrates, des valeurs socialistes. C'est une victoire idéologique de la social démocratie qui est en train de se passer aujourd'hui", a-t-il commenté.
"On ne sortira pas de la crise pour revenir à ce qu'il y avait avant". "Il y a tout un modèle de développement différent qui est en train d'émerger, plus environnemental, plus soucieux du cadre de vie, plus moral, refusant tout ce qui tourne autour de l'argent-roi". "Dans une certaine mesure, c'est pourquoi je lutte depuis 40 ans", a-t-il martelé.
Concernant les stock-options qui suscitent la polémique en France, Dominique Strauss-Kahn, a déclaré que ce système "ne peut pas durer (...) quand tout va mal". Il a estimé que "il y a un moment où, quand tout un pays, un continent, est en crise, les vieux mots d'unité, de solidarité retrouvent un petit peu de leur valeur", alors que la polémique enfle en France sur cette question et que le gouvernement va interdire la semaine prochaine par décret l'attribution de bonus et stock-options aux dirigeants des entreprises aidées par l'Etat.
Il a, par ailleurs, réfuté la "rumeur" selon laquelle il pourrait devenir le premier ministre de Nicolas Sarkozy affirmant "ce n'est pas sérieux", "on ne sortira pas de la crise par la combinaison politique". "Il y a beaucoup de compétences partout, moi j'exerce mon mandat, je le fais au FMI, j'essaie de le faire du mieux que je peux" (...) je joue mon rôle. Que les autres jouent le leur."
L'ancien ministre a affirmé qu'il était socialiste "évidemment, comme avant".