Elections européennes J-8 : selon Martine AUBRY " l'abstention serait un blanc-seing pour Sarkozy "

Publié le par SD32

Dans une interview au Parisien, Martine AUBRY estime que la dispersion des voix est  "un passeport pour de nouvelles régressions sociales". Pour elle, "seul le vote socialiste permettra de renverser la vapeur en Europe".


Que répondez-vous à François Bayrou, qui invite les électeurs PS à voter pour les listes MoDem pour mieux pousser le Parti socialiste à changer enfin ? « Je sème », dit-il en pensant à 2012.
Martine Aubry. Moi, je pense que les hommes et les femmes de gauche doivent voter à gauche ! François Bayrou n’a montré par aucun de ses actes en France comme en Europe où ses amis ont voté avec la droite qu’il était de gauche.
Il ne pense qu’à l’élection présidentielle. Il ne parle que de lui et contre Sarkozy. Il ne propose rien et ne parle pas de l’Europe. Il appartient pourtant à une famille politique démocrate et européenne, qui doit être bien déçue. J’appelle ceux qui veulent retrouver dans l’Europe cette grande aventure humaine porteuse de paix, de justice sociale et de démocratie à voter socialiste.

N’aurait-il pas été possible d’organiser plus tôt la réconciliation de Rezé (Loire-Atlantique) entre Ségolène Royal et vous ?
J’ai construit l’unité du PS pas à pas depuis cinq mois. Les amis de Ségolène ont intégré la direction il y a deux mois. Nous travaillons beaucoup, dans un bon climat de confiance. J’avais promis que « pas un socialiste ne manquerait aux Français ». Nous y sommes.

Que dites-vous à ceux des Français qui sont tentés par l’abstention ?
La vie des Français, les socialistes veulent la changer vraiment, en actes, pas seulement en déclamations ! L’abstention, comme la dispersion des voix sur les listes qui auront moins de 8 à 10 %, qui n’auront donc aucun député européen, profitera à la droite ! Ce serait un blanc-seing donné à Nicolas Sarkozy. Ce serait un passeport pour de nouvelles régressions sociales.

Quelles « régressions » ?
La droite prépare un nouveau tour de vis social après le 7 juin. L’amendement Lefebvre voulant faire travailler les personnes en arrêt maladie ou en congé maternité en est un avant-goût. D’autres mesures suivront : la hausse des franchises médicales, le travail le dimanche, l’allongement de la durée de cotisations pour la retraite, les fermetures de bureaux de poste et les 35 000 emplois en moins annoncés dans l’école, les hôpitaux… En Europe, ce sont de nouveaux retours en arrière qui se préparent si la droite l’emporte : privatisation de la santé, casse des services publics… Nous, nous proposons de relancer l’économie, de combattre les délocalisations, de mettre en place une répartition juste des revenus et de préparer l’avenir. Seul le vote socialiste permettra de renverser la vapeur en Europe.

Tout de même, n’est-il pas temps que le PS change de logiciel ?
Depuis notre congrès, très difficile, le Parti socialiste s’est remis au travail, s’est rassemblé, y compris sur l’Europe qui nous avait divisés par le passé. Il a rouvert les portes et les fenêtres vers les syndicats, les intellectuels… Il a fait preuve de cohérence et d’ambition avec, par exemple, un plan de relance à la hauteur de la crise, contrairement à celui du gouvernement. Il est de nouveau auprès de ceux qui souffrent de la politique actuelle, dans les entreprises, les services publics… Le PS redevient un laboratoire d’idées pour proposer un projet aux Français pour 2011. Ce travail est largement engagé et se poursuivra avec force dans les prochaines semaines.

Alors que la crise est là, est-il juste d’imputer au gouvernement l’augmentation annoncée du chômage « jusqu’au début 2010 », selon François Fillon ?
Le chômage a augmenté en France bien avant l’arrivée de la crise mondiale. C’est la conséquence de la politique menée par le gouvernement : bouclier fiscal, refus d’augmenter les salaires et les retraites, panne des investissements publics… C’est la première des erreurs. La seconde tout aussi grave et que nos partenaires européens nous reprochent , c’est de ne pas avoir doté la France d’un plan de relance massif à la hauteur des problèmes. Et cela, par entêtement dogmatique. Les Français en payent aujourd’hui les conséquences.

Applaudissez-vous le passage du RMI au RSA, auquel Martin Hirsch a tant oeuvré ?
Nous avons approuvé le principe du RSA. Mais, comme nous le craignions, les moyens n’ont pas suivi et le dispositif a raté l’essentiel : le retour à l’emploi. Le RSA est, par ailleurs, totalement insuffisant pour répondre à l’explosion de la pauvreté.

Quand Nicolas Sarkozy veut combattre l’insécurité, notamment dans les écoles, le PS est-il contre parce que c’est Sarkozy ou parce qu’il considère que les dangers de l’insécurité en France sont aujourd’hui surestimés ?
Les violences scolaires sont un sujet grave ! Elles méritent non pas de la politique spectacle, mais des réponses sérieuses. Ces annonces inadaptées et qui seront comme d’habitude sans lendemain sonnent comme un aveu d’échec. Vingt-quatre textes depuis 2002 sur la sécurité, pour quels résultats ? Les violences physiques ont augmenté de 23 % depuis 2002. Pendant ce temps, 25 000 surveillants supprimés dans les écoles, des policiers et des juges en moins, la suppression de la police de proximité et la réduction des crédits aux associations… C’est tout l’inverse de ce qu’il faut faire. Les Français savent aujourd’hui que Nicolas Sarkozy a aussi échoué sur la sécurité. Alors que, pour nous, la sécurité est un droit fondamental, et que chaque acte d’incivilité et de délinquance doit entraîner une sanction juste et proportionnée.

Comment expliquez-vous que tant de personnalités de gauche soient sensibles au charisme et à la démarche de Nicolas Sarkozy ?
Quand on est de gauche, on combat Nicolas Sarkozy. Quand on est sensible au pouvoir et aux « postes », on ne peut se revendiquer de gauche ! Et on ne fait pas honneur à la politique.

N’est-il pas mesquin, sous prétexte des élections européennes, de reprocher à Nicolas Sarkozy d’accueillir Barack Obama le 6 juin sur les plages du Débarquement ?
Nous sommes très heureux de la visite de Barack Obama pour un événement majeur de notre histoire. La France sait ce qu’elle doit aux Etats-Unis, comme à la Grande-Bretagne. Mais, à la veille des élections, nous redoutons un show médiatique orchestré par le président. Je fais confiance aux Français pour comprendre quel est celui qui incarne le progrès et celui qui installe la régression.

Source Le Parisien

Publié dans Politique

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