Arrêtons les conneries !
Le PS n’est pas menacé de gauchisation. C’est Pierre Moscovici, proche de DSK en dernier ressort, qui a conduit la Convention sur le modèle économique. C’est Michel Sapin, rocardien et proche de Hollande qui a élaboré le plan de relance. C’est Jérôme Cahuzac et Alain Muet, proche de DSK, qui conduisent la politique économique du PS. C’est moi-même avec Laurent Fabius qui a piloté la Convention internationale. C’est Marisol Touraine, proche de DSK, qui a élaboré le projet sur les retraites. C’est Marie-Pierre de la Gontrie, proche de DSK, et Elisabeth Guigou qui pilotent le Forum sur les libertés et la justice. C’est Jean-Jacques Urvoas, proche de DSK, avec François Rebsamen, qui ne vient pas précisément de la gauche du parti qui a conduit la Convention sur la sécurité.
Aucun président de Région n’est membre de la gauche du PS. Et franchement, Martine Aubry ne gère pas en gauchiste la communauté urbaine de Lille. Enfin, je ne voudrais pas être discourtois avec Benoît Hamon, mais le texte sur l’égalité réelle endosse une problématique qui n’était pas au point de départ la sienne. Reste le chiffrage du projet, c’est une plaisanterie alors qu’on parle d’un projet à 20 ans.
Deuxième bêtise le risque de droitisation de DSK via les « compliments de Sarkozy », je ne sais pas si DSK sera candidat mais si c’était le cas, à force de lui dresser des lauriers, il sera impossible à Sarkozy de le critiquer. Il se tire une balle dans le pied sans tromper la gauche qui est sarkophobe. Par ailleurs, méditons les résultats de Papandreou. Le mouvement social ne fait pas une élection.
Autre argument, il y aurait une gauchisation qui empêcherait, s’il le souhaitait, DSK de se présenter. Au-delà du fait que personne ne peut préjuger du choix de DSK, ceux qui agitent cette idée l’aiment tellement qu’ils se proposent de le remplacer s’il ne venait pas. « Au secours » ! Pourvu qu’il ne vienne pas ».
Enfin, dernier argument futile: Sarkozy est prêt et la gauche ne l’est pas. On « rêve » ! Sarkozy est dans les cordes et la gauche avance à son pas. Qui s’imagine qu’il va gagner les cantonales ou les sénatoriales. Dans moins de deux mois, tout sera à refaire. Sarkozy le sait, il ne peut rebondir. Il ne peut que se faire réélire car l’élection présidentielle est un temps politique en soi. Il prépare donc le moment autour de trois positions. Reprendre pied dans son camp. Faire de son handicap, il est impopulaire, un avantage. Il aurait réformé. Parier sur la fragmentation du centre et la concurrence entre les populistes pour passer le premier tour. Quant au second, il avisera.
Le PS doit être aussi froid et arrêter d’être balladé, balayer les idioties: le PS construit pas à pas un réalisme de gauche, le « social réalisme », qui est une alternative crédible et sociale à Sarkozy. Il est la seule alternative crédible à Sarkozy car il est la seule formation capable d’attirer sur sa droite et sur sa gauche. Il a écrasé Sarkozy aux régionales. Ses leaders sont populaires et il a fait émerger de nouvelles têtes. Ses élus veulent gagner sinon la réforme territoriale s’appliquera. Et surtout, le peuple est inconditionnellement pour la défaite de Sarkozy qui a échoué et déçu.
Jean Christophe Cambadélis