Comme avant !

Publié le par SD32

Il ne s'est rien passé, ou presque. A peine retombé le souffle du typhon, la vie reprend. Comme avant. Bonus, salaires mirobolants, primes de départ astronomiques. A tel point que plusieurs patrons de banques centrales viennent de tirer la sonnette d'alarme. En vain. On connaît le discours des financiers : il n'y aurait là que l'application toute simple des règles du marché ; la nécessité de garder les meilleurs pour faire face à la concurrence, pour éviter que l'activité de "trading" aille s'exercer ailleurs...
Le monde de la finance dispose d'un argumentaire bien rodé pour justifier des pratiques qui semblent injustifiables et des rémunérations obscènes.

Une partie de l'argumentaire mérite discussion. Mais l'important est ailleurs. L'important, c'est le symbole ici donné par le secteur de la finance, emblématique de sociétés - aux Etats-Unis comme en Europe - où les inégalités de revenus continuent à se creuser, alors que le chômage ne cesse de monter. L'important, c'est cette image, que la crise aurait dû - pu - commencer à renverser, d'un capitalisme de plus en plus arrogant et inégalitaire. Cette image d'un monde de l'entreprise où une femme, un homme, peut "valoir" trois cents, voire quatre cents fois plus qu'un autre.


Le capitalisme, imbattable machine à créer des richesses, ne fait pas forcément bon ménage avec la morale. Admettons. Mais quel prix à payer ! On n'en finirait pas d'énumérer les conséquences dévastatrices des coups portés depuis vingt ans à l'échelle des revenus dans nos sociétés : délitement du lien social et écrasement des classes moyennes, notamment.


Ici et là, quelques initiatives sont censées empêcher les abus les plus choquants. Aux Etats-Unis, le Trésor a imposé que soient divisées par deux les rémunérations des dirigeants des banques aidées par l'Etat. En France, le Medef et l'Association française des entreprises privées (AFEP) ont établi un code de bonne conduite en matière de rémunérations patronales. En Allemagne, BMW vient d'annoncer une initiative intéressante : l'indexation des évolutions salariales de ses dirigeants sur celles de ses simples ouvriers.


Mais, dans l'ensemble de l'Europe, rien de sérieux, rien qui puisse enrayer cette marche vers des sociétés où un nombre de plus en plus petit d'individus possède une part de plus en plus grande des richesses nationales, rien qui justifie que l'on continue à pérorer sur un prétendu modèle social européen.


Avis de recherche urgentissime : où sont les inventeurs d'un capitalisme social à l'heure de la globalisation économique ?

 

Source LeMonde.fr

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