Dis moi comment est Sarcelles, je te dirai qui est DSK !

Publié le par SD32

487038437-2ec702ab22-dsk.jpgFrançois Pupponi, député maire de Sarcelles, nous donne du grain à moudre...et un peu de boulot.

Dans le Point de jeudi dernier, où Anne Sinclair évoque l'éventualité d'un deuxième mandat de son mari à la tête du FMI, il invoque le retour pour la présidentielle de son prédécesseur à la mairie de Sarcelles : "J'aimerai que Dominique fasse pour la France ce qu'il a fait pour Sarcelles, déclare-t-il. La ville avait un déficit abyssal et une image déplorable. Il a rétabli les comptes, relancé l'activité, fait reculer le chômage. C'est un homme qui trouve des solutions."

Si vous ne connaissez pas Sarcelles, ce haut lieu francilien de création des banlieues dans les années 50, à l'origine même d'un nouveau nom dans le jargon urbanistique : la sarcellite, voici quelques chiffres qui vous en donneront une idée plus précise(1) : 59 000 habitants, dont 80% en zones urbaines sensibles, 53% de HLM et jusqu'à 100% dans certains quartiers, 21,4% de taux de chômage (et 42,4% chez les jeunes de 18 à 25 ans), 20% d'étrangers, 50% de ménages non imposés sur le revenu...

D'emblée, il faut admettre qu'être maire d'une commune au palmarès si impressionnant doit tous les jours relever du sacerdoce. Mais cette sollicitude à priori ne peut se justifier qu'au regard des résultats concrets de l'édile pendant son mandat.

Dominique Strauss-Kahn a été maire de Sarcelles de 1995 à 1997, puis premier maire adjoint aux finances de 1997 à 2001, et de 2001 à 2007. Pour vérifier les propos de M. Pupponi, nous nous sommes donc plongés dans les données du Ministère des Comptes publics(2), qui propose ville par ville une synthèse relativement détaillée de leur budget depuis 2000.

Alors qu'en est-il de la réduction du « déficit abyssal » de la Ville de Sarcelles lors du dernier mandat de DSK?

− l'encours de la dette, qui est le montant total de la dette d'une commune, était de 1675 euros par sarcellois en 2001, de 1455 euros en 2007, soit une baisse de 13%. Sur la même période, l'encours moyen des communes de la même strate démographique a diminué de 9,7%. L'annuité de la dette, qui permet de mesurer le poids exact de la dette de la commune à moyen et long terme, était de 233 euros par sarcellois en 2001, de 190 en 2007; soit une diminution de 18,5%.

− la capacité d'autofinancement, qui est le montant de ressources propres (donc sans emprunt à la banque) que la ville peut engager dans ses investissements après avoir couvert ses charges de fonctionnement, était négative en 2001 (-1 euro par sarcellois), positive en 2007 (98 euros par habitant). Sur la même période, la capacité d'autofinancement moyenne des communes de la même strate démographique a quant à elle stagné.

− les charges de personnel, qui représentent principalement les salaires et les embauches d'employés municipaux, ont cru à Sarcelles de 18% entre 2001 et 2007 (passant de 546 euros par habitant à 644), là où ces mêmes charges croissaient de 12% pour les communes de la même strate démographique, pour atteindre 685 euros par habitant.

− les dépenses d'équipement, c'est-à-dire l'investissement, correspondaient en 2001 à 171 euros par sarcellois, 291 en 2007, soit une augmentation de 70%. Sur la même période, les investissements des communes de la même strate démographique augmentaient de 27%.

Diminution de la dette publique, augmentation de la capacité d'autofinancement donc de l'autonomie de la commune, accroissement des investissements (donc des écoles, des équipements sportifs et culturels,...), donnent des indications sur les qualités de gestionnaire, de surcroît si l'on considère parallèlement l'évolution moindre des communes de la même strate.

Les charges de personnel, vieux débat entre la gauche -qui considère qu'il faut plus de services publics- et la droite -qui a plutôt tendance à limiter fortement la masse salariale-, ont cru plus fortement que la moyenne, mais pour atteindre un montant par habitant qui reste inférieur à cette dernière: cet indicateur éclaire sur la vision qu'a DSK de la gestion publique. En effet, au regard de cette donnée, avis à ceux qui pensent qu'il n'est pas de gauche, et à ceux qui pensent qu'il aurait les travers de gestion de la gauche.

Vous me direz que s'occuper d'une ville, ce n'est pas s'occuper d'un pays; et qu'être maire ne fait pas de vous un président. Et vous aurez raison. D'ailleurs sinon, c'est près de 36000 candidats a la présidentielle que nous aurions...

Mais l'exemple sarcellois, outre les qualités de gestionnaire, l'intelligence de choix stratégiques et l'expérience de la vie locale qu'ils révèlent chez le patron du FMI, a le mérite de nous en apprendre un peu plus sur le DSK d'hier pour mieux cerner le DSK d'aujourd'hui: un homme qui a passé près de 20 ans de sa vie à gérer une des villes les plus pauvres de France, accueillant des populations en très grande difficulté sociale, à créer des emplois jeunes et à favoriser le développement économique et la création d'emplois avec les zones franches urbaines, ne peut sincèrement pas être aujourd'hui taxé de manière péremptoire d'amis des nantis ou des patrons... sauf à ne pas croire qu'on est le produit de son passé.

 

Source : publié sur Le Post par Galileeyh

1 - Données du Secrétariat Général du Comité Interministériel à la Ville:  http://sig.ville.gouv.fr/Territoire/95585
2 - Bercy Colloc: http://www.colloc.bercy.gouv.fr/colo_struct_fina_loca/comp_coll/comm.html 

Publié dans Parti Socialiste

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