Dominique Strauss-Kahn plaide pour " un marché unique de l'emploi " au niveau européen

Publié le par SD32

dsk 12102010Si le directeur du Fonds Monétaire International (FMI), Dominique Strauss-Kahn reste muet quant à ses intentions pour l'élection présidentielle française de 2012, il a en revanche une vision assez nette de que doit être l'Europe de demain.

 

A l'occasion d'un discours prononcé ce vendredi à Francfort lors de l'European Banking Congress, il a regretté une gouvernance de la zone euro " inadéquate " qui a rendu les choses encore " pires ". " Les institutions (NDLR : de la zone) n'ont tout simplement pas été à la hauteur pour gérer la crise même si l'adoption de solutions temporaires s'est révélée être un processus de longue haleine.

 

Au bout du compte, elles ont fait ce qu'elles devaient faire mais la crise de la dette souveraine n'est pas terminée ", a-t-il indiqué avant d'ajouter que les " rouages de la coopération se meuvent trop lentement ".

 

Pour résumer, l'actuel directeur général du FMI pointe sur le Vieux Continent un manque de dimension vraiment européenne. Cette dernière semble également absente des débats concernant la gouvernance budgétaire, les déséquilibres commerciaux internes de la zone euro ou encore des réformes du marché du travail.


Sur l'emploi, Dominique Strauss-Kahn regrette que les Européens n'atteignent pas la totalité de leur potentiel. Résultat, le niveau de vie des européens a cessé de s'améliorer. " Par extension, ce fait reflète le choix social, de manière consciente, de travailler moins (…) revers de la médaille, le chômage en Europe est de manière chronique élevé ". L'une des clés de ce constat réside dans le fait que les institutions du marché de l'emploi ont tendance à récompenser les " privilégiés (NDLR : les salariés) au détriment des exclus (les chômeurs) ". Dominique Strauss-Kahn, plaide donc pour le lancement de l'initiative " Marché Unique de l'emploi " au niveau européen s'inspirant du Marché Unique où biens et services circulent librement. La zone euro est handicapée par un marché du travail segmenté.

 

" Ces barrières exacerbent les fortunes économiques divergentes qui menacent la zone euro aujourd'hui " a-il jugé. Il est donc temps de créer un champ d'action véritablement européen pour les salariés en particulier dans le domaine de la taxation des revenus du travail, les systèmes de sécurité sociale et la législation sur le chômage. Pour compléter ces efforts, l'Europe doit consacrer plus de ressources à la recherche et à l'éducation, si elle veut combler son retard par rapport aux Etats-Unis.


De même Dominique Strauss-Kahn plaide-t-il pour une croissance plus équilibrée entre les pays membres. " Pour que la croissance soit soutenue, les déficits des comptes courants de certains pays doivent être réduits et parallèlement, dans d'autres pays tels que l'Allemagne, la croissance doit être plus tirée par la demande intérieure ".


A l'heure où les pays de la zone euro font face à une crise de leur dette souveraine, le directeur général du FMI estime que " la solution la plus ambitieuse serait de créer une autorité budgétaire centralisée avec un indépendance politique comparable à celle de la Banque Centrale Européenne. " Cette autorité établirait pour chaque pays sa politique budgétaire et allouerait des ressources à partir d'un budget central (…) ". Cependant, " un tel bond en avant vers l'intégration politique européenne apparaît improbable à court terme ".

 

D'ou deux solutions plus réalistes : la première serait d'enlever au Conseil européen la responsabilité de veiller à la discipline budgétaire des pays membres. Ce qui aurait l'avantage de réduire le risque d'interférence des intérêts nationaux. A la place, la Commission européenne, en tant que gardienne des traités pourrait jouer ce rôle.

 

Deuxièmement, Dominique Strauss-Kahn plaide pour une augmentation des ressources budgétaires centralisée propres à l'Union européenne. Ce qui impliquerait d'aller au delà du budget européen tel qu'il est réalisé aujourd'hui et de créer, par exemple, des ressources communautaires plus larges à l'instar d'une TVA européenne ou d'une taxe carbone.

 

Source Les Echos

Publié dans International

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