Dominique Strauss-Kahn: son diagnostic sur les problèmes économiques du moment

Publié le par SD32

dsk-09062009.jpgLe directeur général du Fonds monétaire International vient d'accorder un entretien exclusif au quotidien de l'économie, La Tribune.
Dominique Strauss-Kahn y aborde longuement tous les grands sujets de l'actualité économique et financière : crise grecque, rôle du FMI, de l'Europe, régulation financière, réévaluation du yuan... En voici quelques extraits.


SUR LA REGULATION FINANCIERE

La Tribune : Les réunions du FMI et du G20, la semaine dernière, ont montré que la régulation du secteur financier n'avance guère...

Dominique Strauss-Kahn : En matière de régulation financière, on est encore loin du compte. Ce n'est pas surprenant, parce ce sont des questions extrêmement techniques. Il faut rappeler que pour élaborer les normes dites de "Bâle 2", on a mis douze ans ! On ne prendra pas ce temps-là aujourd'hui, on ne l'a d'ailleurs pas. Mais le travail sérieux n'a été lancé qu'il y a un an. Le calendrier de la complexité technique n'est pas le même que celui de la politique : dans tous les pays où la puissance publique a aidé les banques, l'opinion publique réclame que l'on agisse. On avance donc aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France, alors que d'autres pays sont plus réticents, le Canada ou le Japon, parce que l'urgence est moins forte pour eux, leur système bancaire n'ayant pas été touché autant.


SUR LA CRISE GRECQUE

La situation sociale et politique en Grèce se durcit, et l'on voit se multiplier les manifestations d'hostilité à l'encontre du FMI.

Nous sommes là pour aider les Grecs. Si on ne les aide pas, ils vont être dans une situation insoutenable. Je ne dis pas que si on les aide, ce sera facile. Ce sera difficile. Il faut que les Grecs aient présent à l'esprit que le redressement de leurs comptes publics, après plusieurs années de dérapages inconsidérés, va être pénible et difficile. Mais il n'y a pas d'autre solution pour en sortir. Croire qu'il suffit de congédier le médecin, lorsqu'il prescrit des remèdes désagréables, pour ne plus être malade, serait une illusion totale. J'ajoute que les ressources prêtées proviennent des contributions des autres pays. Si nous prêtons à la Grèce, il y aura ainsi une contribution de très nombreux pays, y compris de pays assez pauvres. La solidarité internationale repose sur l'idée que chacun des membres de la "coopérative" fait les efforts nécessaires, à la demande des autres. Dans les pays où l'opinion publique est plus consciente de cela, les programmes du FMI se déroulent bien, et ils sont plus efficaces.


SUR LE NIVEAU DE LA MONNAIE CHINOISE

La Chine peut-elle mener un plan de relance centrée sur sa demande intérieure sans réévaluer sa monnaie ?

La réévaluation du renminbi est cohérente avec ce recentrage. Elle permettrait de lutter contre les tensions inflationnistes internes. Il est clairement de l'intérêt des Chinois eux-mêmes d'opérer cette réévaluation. Je pense donc que la réévaluation du renminbi va se faire, de façon progressive. A l'autre extrémité, il y a un pays qui accumule les déficits, les Etats-Unis. Mais là aussi, le balancier revient dans le bon sens. L'une des conséquences de la crise, c'est que le taux d'épargne des ménages américains est remonté en flèche. Des deux côtés de la balance, les forces rééquilibrantes sont en action.

Publié dans International

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article