Football et Citoyenneté
Si on a l’habitude d’associer les termes football et citoyenneté, peut-on dire pour autant qu’ils s’accordent ? Je serais tenté de vous dire oui et non. Je vais commencer par le non.
Le non parce qu’aujourd’hui, autour de l’image du football, il n’est pas évident que la première relation que l’on fera d’emblée c’est la citoyenneté. On fera plus de parallèles entre l’image, les médias, l’argent, et il est vrai qu’entre les pratiques du football amateur et l’image du football en général, il y a un grand décalage. Nous avons donc la mission que ce football soit de plus en plus accolé à l’idée de citoyenneté.
Sur le oui, comment acquiert-on la citoyenneté ? Cela peut être plus ou moins difficile selon les origines et les difficultés que l’on peut trouver dans son milieu familial. Elle s’acquiert par l’école, le quartier, la cité, la ville et dans certaines de nos pratiques sociales, sportives, culturelles ou de loisirs. Quand on sait qu’aujourd’hui, bon nombre de jeunes-plutôt garçons que filles-pratiquent le football dès l’âge de 6-7ans, et souvent jusqu’à 17-18 ans, on a là un enjeu important.
Le football doit en effet avoir comme seconde mission, après la simple pratique sportive, de contribuer avec l’école, la famille et toutes ces pratiques de cité, de ville, de quartier, à former le citoyen. C’est donc un enjeu important, car au-delà de l’apprentissage du football, il y a tout un apprentissage autour du respect de soi, de l’hygiène corporelle et alimentaire, du respect porté à l’autre, aux règles, et à l’environnement. Le lien entre football et citoyenneté est donc pour moi très étroit, et c’est autour de ces thématiques que la fédération du football a travaillé, plus précisément sur l’idée suivante : comment peut-on sensibiliser les jeunes, les enfants de 7 à 13 ans, autour de ces valeurs qui comprennent le respect de soi, de l’autre, de l’arbitre, de l’environnement, et de manière générale, de ce qui permet l’existence de la société ?
Nous sommes très satisfaits d’avoir vu 220 clubs répondre à notre appel le 1er mai, le jour de la finale de la coupe de France, et présenter des projets particulièrement intéressants dans tous les domaines, que ce soit par rapport au respect de soi, au respect de l’arbitre et de l’environnement. Cela montre à quel point les éducateurs et les bénévoles qui portent le football amateur ont conscience qu’au-delà de l’apprentissage d’un sport, il y a tout un autre type d’apprentissage, celui de la vie, du respect, et, plus important, d’un lien social. Ce type d’apprentissage est sans doute encore plus important que la pratique sportive elle-même.
Pour vous raconter une anecdote, j’ai été enseignant pendant 20 ans, et je savais très bien que si je donnais une leçon d’instruction civique au tableau noir, comme cela se faisait dans le temps, il y avait un faible nombre de chances que ma leçon porte ses fruits. Par contre quand on fait une leçon de morale ou d’instruction civique en situation, c’est-à-dire par rapport à des faits et à des événements, l’impact est beaucoup plus important. Sur toutes les actions qui ont été présentées et sur lesquelles on a eu à débattre afin de choisir un lauréat-Epinal était l’un d’entre eux-ce qu’il est très intéressant de remarquer, c’est que ces actions sont toutes des actions concrètes : elles se situent dans la réalité et au quotidien.
Je crois que c’est quelque chose de déterminant. Nous avons, je pense tous essayé de faire le lien entre cette activité et ce qu’est la citoyenneté aujourd’hui, c’est-à-dire ce qu’est l’idée du rapport de l’homme et de la femme avec l’autre au sein de la cité. Il est évident que nous avons, avec le football, un lieu tout à fait propice pour développer la question de la citoyenneté dans la ville ou au niveau national.
Source Intervention prononcée lors du colloque « Football, entre mondialisation et citoyennée » organisé par l’IRIS et la Ville d’Enghien-les-Bains, avec le soutien du Ministère de la Santé et des Sports, la Fondation du Football et le groupe Lucien Barrière, le 29 mai 2010.