Grèce : la participation du FMI marque son retour en force

C'est une nouvelle étape dans le retour en grâce d'une institution qu'on disait moribonde, en panne d'argent et de légitimité, il y a quelques années à peine, avant qu'éclate la crise financière. A plusieurs reprises ces derniers mois, M. Strauss-Kahn avait indiqué être prêt à participer au sauvetage des finances grecques. Il estimait que l'UE n'avait ni la vocation, ni les techniques, et surtout ni les fonds nécessaires pour aider la Grèce à passer ce cap difficile.Le FMI, dont il a porté les ressources prêtables de 260 à 850 milliards de dollars, était, selon lui, seul capable de mobiliser les énormes sommes propres à calmer les marchés et éviter au pays de se trouver en défaut de paiement.
Les dirigeants de la zone euro s'y sont longtemps opposés mordicus. Question de souveraineté et de crédibilité. Mais leur incapacité à s'entendre les ont finalement incités à changer leur fusil d'épaule, Allemagne en tête. La répartition de l'effort dans le dispositif élaboré pour venir en aide à Athènes n'a pas été précisée. Mais on estime que le Fonds devrait assumer un tiers de ce plan estimé entre 20 et 30 milliards d'euros. Il pourrait aussi être appelé à intervenir en premier pour débloquer les crédits.
Pour l'Union européenne, le recours au FMI peut sembler un déshonneur. A certains égards, il constitue néanmoins un soulagement, non seulement financier, mais aussi "psychologique".L'UE n'a pas l'habitude d'affronter l'impopularité des thérapies de choc et pourrait céder aux manifestations de rues à Athènes. Le Fonds, au contraire, n'aura pas peur de jouer de sa réputation de "grand méchant loup" pour aider le gouvernement grec à imposer des sacrifices à sa population.
Vendredi 26 mars, la presse grecque exprimait ses craintes. Le quotidien de gauche Elefthérotypia évoquait le "récif du FMI", s'inquiétant de voir passer à la manœuvre une institution "dont “le savoir faire technocrate” s'est avéré destructeur pour les pays où il a été appliqué".
Dominique Strauss-Kahn, lui, voit couronnée son ambition de donner au Fonds une nouvelle jeunesse. Depuis qu'il en est le directeur général, il a multiplié les réformes : augmentations des ressources financières, nouvelle répartition des droits de vote…
Il a été mandaté par le G20 pour faire de nouvelles recommandations dans le domaine de la régulation financière. Fort de cet élan, le directeur général souhaite étendre encore l'influence du FMI. Fin février, il a annoncé vouloir demander un mandat élargi dans la supervision et l'intervention pour prévenir les crises économiques mondiales.
Source LeMonde.fr