Jean-Christophe Cambadélis : " DSK c'est François Hollande en mieux "
Nous vous proposons de prendre connaissance de l'interview accordée au JDD par Jean-Christophe Cambadélis.
L’affaire de la Porsche était-elle une "bêtise" comme le dit Benoît Hamon ?
C’est moins grave de monter dans la Porsche d’un ami que d’utiliser des fonds publics pour vanter le bilan calamiteux de Nicolas Sarkozy comme le fait l’UMP. Reste que c’est une faute d’attention quand on sait que Nicolas Sarkozy et l’UMP ont des puissants relais pour dénigrer leurs adversaires.
Cela renvoie Dominique Strauss-Kahn à l’image du candidat des riches ?
Dominique Strauss-Kahn est un fonctionnaire international. Avec sa femme, ils ont un rapport laïc à l’argent contrairement à Nicolas Sarkozy qui en rêve même la nuit. Ils sont tout-terrain, ils sont bien avec des décideurs comme avec des gens du peuple à Sarcelles. On a besoin d’hommes d’État qui parlent à tout le monde.
Peut-on incarner un pays en ayant vécu si loin ces dernières années ?
C’est comme si on disait que le général de Gaulle n’avait pas pu incarner la France parce qu’il était à Londres ! Comprendre un pays c’est nécessaire et DSK le comprend mieux qu’un autre. Il est éloigné mais c’est le premier à avoir parlé dans un 20H des 6 millions de Français qui vivent avec moins de 700 euros par mois.
DSK, c’est un Français comme les autres pour vous ?
C’est un Français comme les autres, qui a l’immense avantage de connaître le monde.
Martine Aubry s’est elle retirée de la course à la présidentielle ?
Pas du tout. Martine Aubry veut gagner comme beaucoup d’hommes et de femmes de gauche. Elle veut mettre les atouts de notre côté et elle est un atout. Elle réfléchit s’il n’y a pas meilleur ou mieux.
Et pour vous, il y a meilleur qu’elle ?
Au moins l’équivalent. Il y a quelqu’un qui semble dans l’opinion avoir une résonance un peu plus forte, ça ne fait pas tout.
Ce sont donc les sondages qui cette fois encore désigneront le candidat du PS ?
C’est une donnée mais pas la seule. La capacité à rassembler le PS, son camp, la France, sa capacité à l’incarner, à être de plain-pied dans les affaires du monde et à résister de manière sévère à une droite dure compteront.
François Hollande peut-il rassembler le PS ?
DSK c’est François Hollande en mieux, et je pourrais dire la même chose pour Martine Aubry. François a bien sûr le droit de se présenter. Il est sur la même ligne que DSK, il porte le même projet. DSK et Martine Aubry ont une expérience gouvernementale et l’un une expérience internationale nécessaire car notre pays veut bien changer mais il veut aussi être rassuré.
Jean-Pierre Chevènement a dit cette semaine qu’il pourrait être candidat à la présidentielle, inquiet des positions de DSK sur l’euro et l’Europe ?
Personne ne peut préjuger des pensées de DSK, puisqu’il ne s’est pas exprimé. Jean-Pierre Chevènement veut surtout peser sur la gauche et le PS, plutôt que s’imposer.
S’il est candidat, c’est une mauvaise nouvelle pour le PS ?
S’il est candidat, ce n’est pas la meilleure nouvelle car, à tort ou à raison, on nous reparlera de 2002.
Nicolas Sarkozy fête ses 4 ans à l’Élysée, y a-t-il quelque chose que vous lui reconnaissez ?
L’autonomie des universités et le changement de pied sur l’investissement dans la recherche peut-être. Mais sinon, ce bilan est contesté par tous les Français. L’échec de Sarkozy est économique, social, sécuritaire, international. Et je suis très étonné que le Premier ministre, les ministres utilisent les fonds publics pour vanter le bilan de Nicolas Sarkozy. Jean-François Copé dit que cela prépare sa réélection. Je suppose que les frais afférents à cette propagande seront donc affectés au compte de campagne de Nicolas Sarkozy.
Quelles leçons tirez-vous du 10 mai 1981 ?
François Mitterrand avait compris que sous la Ve République, on n’élisait pas le président de la gauche, mais le président de la France. Il a su tenir sa gauche et tirer à lui des Français qui ne l’étaient pas.