Jean Christophe Cambadélis : " on n'a pas besoin de demander à Dominique Strauss-Kahn de s'engager maintenant "

Publié le par SD32

camba mediaDéputé de Paris, chargé au PS des questions internationales, Jean-Christophe Cambadélis, par ailleurs proche de Dominique Strauss-Kahn, confie à France-Soir son vœu : que DSK, Aubry et Fabius s’entendent l’avance pour que seul l’un d’entre eux soit candidat à l’investiture à l’occasion de ces primaires.

Chargé de la rénovation du parti, Arnaud Montebourg, député de Saône-et-Loire, remettra ce mardi à la direction du PS (en l’absence de Martine Aubry, en voyage officiel en Inde) son rapport sur les primaires en vue de la présidentielle de 2012. Les sympathisants socialistes (entre 2 et 4 millions, selon Olivier Ferrand, cosignataire du rapport) seront appelés à voter pour leur candidat au cours de l’été 2011. Le scrutin se déroulera en deux ou trois tours, un premier tour de qualification étant prévu si nécessaire. Ces primaires seront ouvertes aux « partis frères qui souhaitent s’y joindre », selon Ferrand. Toutes ces propositions seront soumises au vote des militants le 20 mai avant d’être entérinées lors d’une convention le 3 juillet.


France-Soir. L’euphorie qui règne au PS depuis les régionales est-elle vraiment justifiée ?
Jean-Christophe Cambadélis. Mes amis s’enflamment un peu rapidement. Le PS a certes retrouvé une position d’alternance, mais il n’y a pas encore d’alternative : il nous manque un projet, des alliances, un candidat… Et, face à nous, la droite présentera un vrai candidat, quel qu’il soit.

F.-S. Existe-t-il, oui ou non, comme on le dit, un accord en vue de 2012 entre Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et Laurent Fabius ?
J.-C. C. Lors de notre congrès de Reims, où nous avons lancé la reconstruction du parti, nous avons estimé nécessaire de distinguer le choix du premier secrétaire (et de son équipe) de celui, le moment, venu, du meilleur candidat à la primaire socialiste.

F-S. Mais y-a-t-il un accord entre eux pour cela ?
J.-C. C. Il n’y en a pas. Mais c’est la continuation logique de notre motion lors de ce congrès. Les socialistes ont perdu en 2007 parce qu’ils étaient divisés. Il faut faire en sorte qu’ils soient unis, cette fois, autour d’un candidat accepté.

F.-S. Est-ce à dire que Strauss-Kahn, Fabius et Aubry pourraient tous les trois se présenter à la primaire ?
J.-C. C. Ils en ont chacun les capacités. Mais un seul se présentera. Parce que s’ils se présentent tous les trois, ça veut dire qu’on partage les voix du PS en trois. Il vaut mieux qu’au moment de la primaire, il y ait un seul candidat, soutenu par les deux autres.

F.-S. Dominique Strauss-Kahn a-t-il envie d’y aller ?
J.-C. C. Si son cœur est toujours en France, sa raison est occupée par le FMI. Pour l’instant, il n’a pas vraiment donné des signes de sa volonté de concourir. Mais il n’a pas dit qu’il ne le ferait pas. On est dans un entre-deux qui nous va bien, puisque le moment pour le PS est celui de l’élaboration d’une alternative crédible. On n’a pas besoin de lui demander de s’engager maintenant. Plus tard nous désignerons notre candidat, plus tard Nicolas Sarkozy saura qui il aura à affronter. Cela nous confère un petit avantage stratégique.

F.-S. La question du calendrier est-elle tranchée ?
J.-C. C. Il y a un consensus dans le PS pour que les primaires aient lieu à l’été 2011, pas trop tôt.

F.-S. Ségolène Royal n’a pas formellement exclu de se présenter sans l’étiquette du parti…
J.-C. C. Je ne pense pas que l’idée de Ségolène Royal soit de se présenter en dehors du PS. Et je ne le souhaite pas, pour elle comme pour nous. Elle désire que ces primaires soient massives, transparentes et ouvertes au plus grand nombre. Nous aussi. Si elle le souhaite – mais elle n’y est pas obligée –, elle pourra concourir.

F.-S. Que pensez-vous de sa stratégie aux marges du parti ?
J.-C. C. Sa déclaration sur TF1 était raisonnable : elle a dit qu’elle ne s’interdisait rien, mais ne privilégiait pas sa candidature pour l’instant et qu’elle souhaitait peser dans les débats des conventions. C’est très bien.

F.-S. Martine Aubry dit maintenant que le quinquennat, ce n’est pas forcément la bonne solution…
J.-C. C. Le quinquennat est extrêmement rapide. Au bout de deux ans, on est déjà tourné vers la prochaine présidentielle. Il faut de la pédagogie, de la réflexion et du temps pour les réformes. D’où la question qui se pose d’un retour au septennat.

F.-S. Le PS est-il prêt à participer à la réforme des retraites ?
J.-C. C. Nous y participerons de la façon dont le souhaitera (sous la forme que souhaitera) l’Elysée, a minima sous la forme parlementaire. Il serait bon que, pour une fois, le gouvernement nous écoute. Nous avons des propositions à faire. On n’a pas exploré toutes les possibilités de compensation et de financement, notamment auprès des revenus du capital. Mais il ne serait pas compréhensible que, au nom de l’intérêt national, le PS accepte une réforme libérale.

F.-S. Voterez-vous la résolution parlementaire contre le porte du voile intégral ?
J.-C. C. On verra. Mais nous ne voterons pas la loi. Je considère que c’est un acte de faiblesse. La République est plus abîmée par le libéralisme ambiant que par quelques dizaines de burqa. Bien sûr, il faut les combattre. Mais la loi n’est pas une solution, et je ne vois pas comment on va l’appliquer.

F.-S. Nicolas Sarkozy est contesté par une partie de sa majorité…
J.-C. C. Nous sommes passés de l’hyperprésident à l’hypoprésident. Nicolas Sarkozy est en baisse des sondages et dans sa majorité. Il est aujourd’hui dans une phase de primaire interne : il cherche à reconquérir son parti, ses parlementaires et son électorat. C’est dommageable pour l’intérêt de la France. Il tord sa politique pour recouvrir le terrain perdu au lieu de rassembler l’ensemble des Français.

 

Source France Soir

Publié dans Parti Socialiste

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