L’heure des choix : les classes moyennes face à l’école

Comment et pourquoi choisit-on son école ? Quels sont les « visées », les idéaux collectifs et les « bonnes raisons » qu’invoquent les acteurs sociaux pour justifier à la fois le fait de choisir, et la nature des choix opérés entre les différentes solutions possibles (le public ou le privé, le collège du secteur ou l’établissement « phare » du centre-ville) ? Comment ces choix sont-ils négociés au sein même de la famille, en relation avec les réseaux sociaux et au sein de l’école elle-même ?
Ces quelques questions constituent le point de départ de la réflexion d’Agnès van Zanten dont les interrogations portent depuis quelques années sur la ségrégation entre établissements, les marchés scolaires et la formation des élites dans le contexte éducatif français. D’un certain point de vue, Choisir son école est un condensé de ces interrogations théoriques car l’ouvrage apporte des réponses très finement documentées aux mécanismes de choix scolaires dans la perspective d’une sociologie compréhensive des classes sociales, au point que l’on pourrait lire l’ouvrage comme une sociologie des classes moyennes au travers des choix scolaires.
Car le propos de l’auteur est très éloigné des discours dénonciateurs que l’on trouve trop souvent associés aux analyses sur le choix de l’école. Fort heureusement, elle laisse de côté la question de savoir si choisir son école est « bien » ou « mal », s’il « faut » ou ne « faut pas » choisir, pour adopter le point de vue des acteurs sociaux qui sont les plus susceptibles de « jouer » sur les marchés scolaires : les différentes fractions des classes moyennes, définies en fonction de leur niveau de diplôme et de leur statut social.
Agnès van Zanten se situe ainsi du côté d’une sociologie bourdieusienne, sans toutefois tomber dans la répétition mécanique de modèles construits dans d’autres contextes intellectuels et sociaux. Tout au contraire, la dimension empirique est ici de première importance, ce qui lui permet de retracer les raisonnements des acteurs sociaux, les arguments qu’ils donnent – et se donnent à eux-mêmes- pour expliquer leurs choix et leurs actions. Dans cette perspective, l’apport de l’ouvrage est de resituer la question des choix scolaires dans le champ d’une sociologie des classes sociales en termes « d’avantages positionnels », de « clôture sociale » et de « transformation d’un capital économique en capital culturel ».
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