L'hypothèse Strauss-Kahn renforcée par son épouse, Anne Sinclair

PARIS (Reuters) - L'épouse de Dominique Strauss-Kahn, Anne Sinclair, a galvanisé les partisans d'une candidature de leur champion à la présidentielle de 2012 en se disant opposée à un second mandat de son mari à la tête du FMI. 

Cette déclaration accrédite l'hypothèse selon laquelle l'ancien ministre de l'Economie sera sur les rangs pour la primaire socialiste qui se déroulera cette année.

"J'ai lu dans plusieurs journaux français que la réélection de Dominique serait assurée à la tête du FMI. Pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas qu'il fasse un second mandat", déclare la journaliste Anne Sinclair au Point, qui publie cette confidence mercredi sur son site internet.

Les partisans du directeur général du Fonds monétaire international (FMI), socialiste le mieux placé dans les sondages dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012, y ont tout de suite vu un signal fort.

En tant que directeur général du FMI, l'ancien ministre de l'Economie est tenu au silence sur la politique française, ce qui pousse les responsables de tous bords à guetter sa moindre phrase ou les indices de son entourage proche.

"Je ne suis pas dans leur intimité de tous les jours mais je pense que c'est un signe très fort", a dit Pierre Moscovici.

"Il y a deux raisons: la première c'est que (...) l'avis d'Anne Sinclair lui importe énormément, puis la deuxième c'est que personne ne peut penser que cette phrase n'a pas été travaillée", a ajouté sur RMC-BFM TV le député du Doubs, qui envisage de se présenter si Dominique Strauss-Kahn recule.

UN MESSAGE IMPORTANT

  Jean-Marie Le Guen, un proche de Dominique Strauss-Kahn, a abondé dans le même sens sur la signification du message.

"Je crois que c'est un signal fort qu'elle envoie. Cette phrase d'Anne Sinclair, comme épouse de Dominique et analyste politique de talent, est importante. Elle parle dans le cadre d'une réflexion, d'une avancée de Dominique vers cette éventuelle candidature", a-t-il dit à Reuters.

Le député Bruno Le Roux, qui soutient François Hollande, a estimé que c'était "un élément qui va vers la clarification des candidatures et qui va permettre l'ouverture du vrai débat à gauche sur quel est le meilleur candidat".

Pour Gaëtan Gorce, proche de Ségolène Royal, il faut que Dominique Strauss-Kahn aille rapidement plus loin.

"Donner ces signes, c'est utile et sympathique mais il faut aller au-delà très vite", a-t-il dit aux journalistes.

S'il reste mieux placé que la concurrence dans les sondages, Dominique Strauss-Kahn, donné gagnant face à Nicolas Sarkozy en 2012, essuie depuis peu une baisse. Sa cote d'avenir a perdu sept points dans une enquête TNS-Sofres réalisée fin janvier.

Le camp Strauss-Kahn dit ne pas s'en alarmer mais la confidence d'Anne Sinclair n'est, dans ce contexte, pas anodine. L'ancienne journaliste a déjà fait passer des messages pour son mari, jugeant en novembre dernier qu'il fallait être "tordu pour se dire (qu'il n'était) pas de gauche".

"UNE BÛCHE AU FEU"

Après un si long silence du patron du FMI, "il fallait remettre une bûche au feu", commente un candidat aux primaires.

  Plusieurs candidats déclarés, comme Manuel Valls, Ségolène Royal et François Hollande, commencent à évoquer leur programme et font déjà campagne dans les fédérations.

Les proches de Strauss-Kahn assurent qu'il n'y a aucune urgence, au moins jusqu'au sommet du G8 en mai à Deauville.

D'autres socialistes, favorables ou non à l'ancien ministre de l'Economie, l'exhortent à se mettre en avant.

Pour Jean-Marc Ayrault, "on peut imaginer" qu'Anne Sinclair s'est exprimée avec l'accord de son mari et que cela signifie qu'il souhaite se présenter devant les électeurs, mais "ce serait la moindre des choses" qu'il le dise en personne.

Les candidats aux primaires socialistes sont tenus de se déclarer au plus tard le 13 juillet, les partisans de Dominique Strauss-Kahn ayant échoué à repousser l'échéance à l'automne.

Ce calendrier implique que l'homme de Washington quitte prématurément ses fonctions au FMI.