Le risque du siège éjectable

Publié le par SD32

1697398 1 f44e le-palais-de-l-elysee-avant-une-ceremonie-deMaintenant que la séquence électorale est terminée, une évidence saute aux yeux : tous les héros de 2007 ont été balayés. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou ont été éjectés de la scène politique, les deux derniers avec encore plus de violence que le premier.

Ségolène Royal a été victime d'un incroyable règlement de comptes conjugalo-socialiste. François Bayrou a été désavoué par une large partie de ses électeurs qui lui a reproché d'avoir rompu les amarres avec la droite sur une thématique anti-Front national, qui aurait pourtant dû lui attirer les sympathies de la démocratie chrétienne. Et, par contraste, François Hollande apparaît comme le grand vainqueur, maître de la quasi-totalité des pouvoirs par la grâce des électeurs qui, dans la foulée de la présidentielle, ont bien voulu lui accorder une large majorité pour gouverner le pays.

De ce constat émerge une hypothèse, qu'il n'est pas encore temps de vérifier, mais qui trotte déjà dans la tête de tous les acteurs : le quinquennat est peut être en train de révolutionner les pratiques politiques en les rendant à la fois bien plus claires et beaucoup plus expéditives que celles qui prévalaient sous le septennat.

Le scénario pourrait s'écrire ainsi : un homme dispose pendant cinq ans des moyens de réaliser son projet. Cela a été le cas de Nicolas Sarkozy. C'est le cas de François Hollande.

Il réussit ? Le voilà parti pour un second mandat. Il déçoit ? Pas de pitié, les Français tournent la page et passent à autre chose : un nouveau président, une nouvelle majorité. C'est peut-être la fin des carrières politiques interminables et la consécration de la politique kleenex.
 
François Hollande, qui revendique la durée pour réussir, fera évidemment tout pour déjouer le pronostic. Mais au vu du taux d'abstention record constaté le 17 juin et des difficultés qui s'annoncent, le risque du siège éjectable n'est pas à prendre à la légère. L'électeur peut bien faciliter la tâche des nouveaux élus, gare à ceux qui le déçoivent.

 

Françoise Fressoz, journaliste et éditorialiste au Monde

Source LeMonde.fr

Publié dans Politique

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