Les banques américaines ont mérité la colère d'OBAMA

Publié le par SD32

barak-obama.jpgAu début 2009, les grandes banques américaines ont été reçues à la Maison Blanche pour un entretien avec le Président : celui-ci leur a indiqué que la seule manière dont il pouvait justifier les mesures prises en leur faveur était à travers leur participation à l’effort commun pour la reprise économique. En clair : je vous soutiendrai si vous utilisez les moyens que je vous donne pour m’aider à relancer l’économie. De mon côté je compte sur votre modération en matière de rémunérations. Pour un Président démocrate, il n’était en effet possible de soutenir des institutions financières que si celles-ci contribuaient à l’effort national de relance. Il fallait donc qu’elles utilisent les ressources obtenues en prêtant à des conditions moins onéreuses puisque leur cout de financement était moins élevé. Et il fallait qu’elles continuent à prêter à l’économie réelle.


Les banques sont sorties de cette réunion en indiquant leur accord sur les demandes du Président. Au lieu de cela, elles se sont empressées de se lancer dans une activité débordante sur les marchés obligataires : 3000 émissions pour $ 1.400 milliards, soit le double de 2007 et le triple de 2006. Ce faisant, les grandes entreprises, ayant retenu les leçons de la crise, ont diminué leur dépendance par rapport aux banques et massivement remboursé des crédits, et ce à travers le monde. Décidément, les banquiers continuent à retirer le parapluie quand il pleut.


De plus, les mesures de soutien aux banques ont réduit les taux d’intérêt grâce à la politique monétaire de la Federal Reserve qui leur prêtait $ 2.000 milliards à un taux d’intérêt proche de zéro. Cette activité était donc loin de devoir son développement au génie des traders mais a permis de récolter, sans risque, une manne céleste de $ 300 milliards de  commissions, que les banquiers ont choisi de ne pas utiliser à renforcer leurs fonds propres, mais à se distribuer sous forme de bonus exorbitants. Même Goldman Sachs a du annoncer la baisse de ses bonus de $ 21.6 a $ 16 milliards…excusez du peu !


Les encours de crédits à la consommation et aux PME ont de leur coté , diminué de prés d’un quart et les banques ont systématiquement coupé les lignes de cartes de crédits aux consommateurs et augmenté les taux d’une manière massive et éhontée : une moyenne de 20% quand on emprunte a zero %, cela ressemble a une marge usuraire. Il est vrai que le South Dakota où elles se sont déplacées ne prohibe pas les taux usuraires. Et depuis quelques semaines des informations font état d’un retour en force de l’activité de « prime broker » et de l’encours des banques auprès … des hedge funds.


Obama a raison : devant un manque de respect de la parole donnée, le refus de participer à l’effort national de reprise, le financement de la spéculation et l’appropriation de ces profits sous forme de bonus, il fallait frapper un  grand coup.


L’ensemble des mesures proposées auront pour effet de couper les banques de dépôt de toute utilisation spéculative de leurs fonds propres, et d’activités non-bancaires comme le private equity et les hedge funds. Bref la fin des activités spéculatives à l’intérieur de banques de dépôt. « Plus jamais les banques ne pourront être en mesure de forcer les contribuables à intervenir » a dit le Président. Nous sommes donc devant une partie de bras de fer inévitable que seul l’esprit obtus des banquiers n’a pas vu venir. Ils comptent sans doute sur l’aide de la Cour Suprême qui a jugé illégale la limitation des « contributions politiques des entreprises ».


L’enjeu n’est ni plus ni moins celui de la démocratie américaine : sera-t-elle à vendre ou la Maison Blanche parviendra-t-elle à maintenir un équilibre menacé de toute part. C’est pour cela que, plus que jamais, le succès de la Présidence de Barack Obama est crucial pour la démocratie américaine, et indirectement à travers le monde.


Quant aux banques elles ne peuvent espérer retrouver la confiance du consommateur (c’est-à-dire du grand public) si elles ne redéfinissent pas une politique qui privilégie leur responsabilité économique et sociale avant la redistribution abusive à quelques uns de montants « obscènes » comme les a qualifiés le Président Américain.

 

Georges UGEUX

Source finance.blog.lemonde.fr

Publié dans International

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