Les créations d'emplois au coeur des préoccupations de Dominique Strauss-Kahn

Publié le par SD32

DSK ONU 21092010Se référant souvent à l'économiste John Maynard Keynes, Dominique Strauss-Kahn déplore une reprise économique sans véritable créations d'emplois. Ce qui fait peser le risque d'une génération entière perdue au regard du niveau de chômage des jeunes.

 

Toujours aussi discret sur ses intentions concernant la course à la présidentielle française de 2012, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn ne manque pas de peaufiner son image d'homme de gauche. A la tête d'une institution longtemps considérée comme ultra-libérale, il a de nouveau réitéré sa déception devant l'évolution de l'économie mondiale et placé au centre de ses préoccupations les créations d'emplois.

«Ce n'est pas la reprise que nous voulons», a-t-il martelé hier lors d'un point presse avant la tenue des réunions de printemps du FMI et de la réunion des ministres des Finances du G20. «Ce serait trop de dire que c'est une reprise sans emplois, mais c'est certainement une reprise avec une insuffisance d'emploi», a-t-il poursuivi. Pendant très longtemps, la connaissance commune voulait que la croissance s'accompagne de créations d'emploi. L'histoire nous apprend que la relation n'est pas aussi logique.

«Bien évidemment, vous avez besoin de croissance. Mais vous avez aussi besoin de mettre en place des politiques d'emploi adéquates. Sans de telles politiques qui sont liées à l'éducation, la formation, l'assurance-chômage, vous risquez d'avoir une croissance insuffisamment créatrice d'emplois», a-t-il encore indiqué. «Le conflit entre rigidité et flexibilité du marché de l'emploi me désole. Cela n'a aucun sens. Nous devons nous débarrasser du rêve que la croissance sera suffisante et que le marché fera le reste du travail», a-t-il ajouté.  

Rien de mieux, dans ce cas, que de mettre en place des politiques actives pour favoriser la baisse du chômage. Des politiques qui peuvent se différentier selon les pays considérés. Sans une action de cette nature, il est possible que dans les prochaines années, une génération entière pourrait être perdue en raison de l'inactivité des jeunes, s'est désolé le directeur du Fonds. Aujourd'hui, plus de 200 millions de personnes cherchent un emploi dans le monde, soit 30 millions de plus qu'en 2007. «Le chômage est à des niveaux record dans beaucoup de pays» et «dans trop de pays, l'inégalité atteint des records», a-t-il déploré.

Soulignant les travaux conduits par le FMI en collaboration avec l'Organisation internationale du travail (OIT), le patron de l'institution a jugé que «peu contesteraient que des allocations chômage convenables sont un point de départ. En particulier quand les pertes d'emplois sont très concentrées chez les jeunes et ceux qui n'ont pas qualifications».

A ses yeux, il faut donc plus d'investissements dans l'éducation, renforcer la négociation collective, importante dans un contexte de stagnation des salaires. Il faut des partenariats sociaux, qui sont des cadres utiles car ils permettent un partage équitable à la fois des gains et des sacrifices.

Dominique Strauss-Kahn qui se réfère souvent à l'économiste anglais John Maynard Keynes et à sa «Théorie générale» (1936) selon laquelle «les fautes essentielles de la société économique dans laquelle nous vivons sont son incapacité à fournir le plein emploi et sa répartition arbitraire et inéquitable des ressources et des revenus», a retrouvé là ses positions de responsable politique français, qu'il défendait avant son arrivée à la tête du FMI en novembre 2007. Lors de sa campagne à l'investiture du Parti socialiste à l'élection présidentielle française de 2007, il s'était fixé pour objectif de parvenir au plein emploi en dix ans, en misant entre autres sur une meilleure formation et un meilleur accompagnement des chercheurs d'emploi.

 

Source Les Echos

Publié dans International

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