OBAMA : les banques vont rembourser le peuple

Au total, cet impôt devrait rapporter 117 milliards de dollars (81,2 milliards d'euros) au Trésor américain "en dix ans, ou plus si nécessaire", selon le communiqué de la Maison Blanche diffusé jeudi 14 janvier. Ce montant correspond au montant maximal des pertes envisagées par le Trésor sur le plan de renflouement bancaire, à hauteur de 700 milliards de dollars, dit TARP (Troubled Asset Relief Program), mis en place à l'automne 2008 et aménagé en février 2009 par l'administration Obama.
Initialement, le TARP prévoyait, pour résorber son impact sur la dette publique, qu'un plan de recouvrement des pertes qu'il générerait pour l'Etat fédéral serait mis au point par le Trésor avant la fin 2013. Constatant le retour spectaculaire à la rentabilité des grandes sociétés financières, M. Obama a décidé de mettre en place cet impôt avec trois ans d'avance. Jeudi, il s'est dit "déterminé à récupérer chaque centime dû au peuple américain". Il a ajouté que cette ambition était "décuplée" lorsqu'il constatait les "énormes profits""doivent leur survie au peuple américain". réalisés aujourd'hui par ceux qui, sauvés de l'effondrement par l'intervention de l'Etat, A la veille du versement des primes annuelles aux cadres des grands établissements financiers - qu'il a qualifiées de "bonus obscènes" -, le président a déclaré : "Si ces entreprises ont une santé assez bonne pour verser des primes aussi massives, leur santé l'est certainement assez pour leur permettre de rembourser les contribuables jusqu'au dernier sou."
Le paiement de cette redevance annuelle entrera en vigueur le 30 juin. Une cinquantaine de grandes banques y seront soumises. "De fait, indique le communiqué officiel, 60 % de sa recette seront probablement payés par les 10 plus grandes institutions financières" (étrangères incluses). En réalité, la "ponction" sera plus préjudiciable à certaines.
Ainsi la contribution demandée aux ex-banques d'affaires telles Goldman Sachs ou Morgan Stanley sera très supérieure à celle imposée aux grands établissements de dépôts, tels JP Morgan Chase ou Bank of America. Explication : l'impôt sera proportionnel au ratio d'endettement des établissements. Même s'ils ont aussi de vastes activités d'investissement et de spéculation, ceux qui sont adossés à un volume imposant de dépôts seront ainsi avantagés par rapport à ceux qui, comme Goldman Sachs, ne le sont pas.
Le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, a explicitement indiqué qu'en agissant de la sorte, les autorités américaines entendent pénaliser ceux qui favorisent le risque à outrance et, a contrario, avantager ceux qui promeuvent la "sécurité" des opérations financières. Cette philosophie déclenche déjà des réactions outrées. Certains milieux bancaires rappellent ainsi que la crise a débuté par l'effondrement de grandes sociétés de crédit, telles Countrywide et Washington Mutual (WaMu), et non des banques d'affaires.
Et que ces dernières ont proportionnellement payé un tribut déjà très lourd à la crise, trois sur cinq (Bear Stearns, Lehman Brothers et Merrill Lynch) ayant disparu. Cette annonce s'inscrit aussi dans la grande bataille sur la régulation financière dont les prolégomènes sont en place. Au Sénat comme à la Chambre, les premiers travaux augurent de débats aussi engagés que ceux menés sur la loi santé.
Déjà, des lobbies financiers et le Parti républicain consacrent leurs efforts à délégitimer M. Geithner, qu'ils soupçonnent d'avoir indûment favorisé l'assureur AIG lorsqu'il était encore président de la Réserve fédérale de New York, et à ce titre chargé de superviser les marchés financiers.

De son côté, à Paris, on rase gratis: une taxe sur les bonus qui n’a d’ « exceptionnelle » que le nom a été fièrement annoncée par Christine Lagarde . Pour les bonus des 2.500 traders parisiens, les banques devront verser 360 millions d’euros, en vertu de la taxe de 50% sur les bonus 2009. Mais d’abord la taxe est limitée à l’année 2010, ce qui ne constitue pas un réel danger pour les banques. Et second problème : les banques ont choisi d’augmenter les salaires fixes de leurs traders et de réduire la part immédiate de leur bonus.