Quand DSK écrase Sarkozy !

Publié le par SD32

dsk 08112010

 

Pour Nicolas Sarkozy c'est la descente aux enfers. Pour Dominique Strauss-Kahn, c'est la poursuite d'une irrésistible ascension.

 

Ni le président sortant, ni le directeur général du FMI ne sont encore officiellement en lice pour la compétition élyséenne de 2012. Pourtant, un an et demi avant l'échéance, c'est autour de ces deux hommes que se structure déjà l'élection. L'un parce que son impopularité croissante le conduit à s'incliner devant tous ses challengers socialistes dans un front qui va de l'extrême gauche au centre droit. L'autre parce qu'il bénéficie, en dépit de ses fonctions à la tête du FMI, d'une réputation d'invincibilité qui lui donne, dés à présent, le statut d'un président idéal de substitution.

 

Le sondage Sofres-Logica, réalisé la semaine dernière pour le Nouvel Observateur est le second de ce genre. Une enquête du même type, portant sur des intentions de vote au premier et au second tour de l'élection présidentielle, avait été effectuée à la fin aout. Seul le nom du représentant du courant centriste, appartenant à l'actuelle majorité, a été modifié. Jean Louis Borloo, l'ex-futur Premier ministre de Nicolas Sarkozy, remplace ici Hervé Morin, l'ancien ministre de la Défense et patron du Nouveau centre. Pour le reste, l'offre reste identique, notamment pour les quatre représentants potentiels de la famille socialiste.

 

C'est ce qui fait tout l'intérêt d'un sondage qui ne préjuge en rien du sort final de la compétition mais qui permet  de mesurer, dans l'optique de l'élection présidentielle, les effets d'une longue séquence marquée par le débat sur les retraites et le feuilleton du remaniement.

 

Tout sauf Sarkozy


Le président de la République est en train de perdre son pari. Il avait indiqué, avant l'été, que sa réélection dépendait entièrement de sa capacité à préserver, au premier tour de la présidentielle, un capital d'environ 28%. C'est en sortant nettement en tête de ce round initial qu'il pensait puiser l'élan suffisant pour s'assurer au final une courte victoire.

 

Aujourd'hui, cet objectif est, à l'évidence, hors d'atteinte. Au premier tour, en fonction des candidats du PS, Nicolas Sarkozy oscille entre 26% - au mieux face à Ségolène Royal – et 24% - au pis, face à Dominique Strauss-Kahn. Conséquence logique de cette très médiocre performance, il s'incline nettement, dans tous les cas de figure, au second tour. Fin août, le président sortant l'emportait encore face à son ex-rivale de 2007 et faisait jeu égal avec François Hollande. Aujourd'hui, tous deux le battraient. Sa défaite est cinglante face à Martine Aubry et à l'ex-premier secrétaire du PS (45% contre 55%).

 

Elle devient surtout humiliante lorsque son adversaire s'appelle Dominique Strauss-Kahn. Il y a trois mois, le directeur général du FMI l'emportait avec 59% des voix. Aujourd'hui, il culmine à 62%. Du jamais vu face à un président exercice!


Le sarkozysme est désormais un phénomène résiduel. Il reste fort chez les personnes âgées. Chez les sympathisants UMP – ou ce qu'il en reste… -  il demeure dominant. Mais pour le reste, c'est la débâcle. Trop faible pour s'imposer au premier tour, le président est aujourd'hui trop court sur patte pour rassembler au second. La moitié de l'électorat de Jean Louis Borloo et les deux tiers de celui de François Bayrou et de Marine Le Pen lui échappent dans ce tour décisif. Là est la vraie clé de sa déroute. Celle-ci signe l'échec d'une stratégie.

 

Avec de pareils sondages, le président est en train de devenir un boulet pour la droite qui, certes, peut songer, avec François Fillon, à changer de champion mais n'a pas les moyens, dans le contexte actuel, de mettre en piste un nouveau candidat. Pour sauver la mise, il faudrait que Nicolas Sarkozy fasse baisser le niveau d'hostilité qu'il rencontre dans presque tous les secteurs de l'opinion. On en est loin ! Il faudrait aussi qu'il sache faire revivre un centrisme majoritaire, complémentaire avec l'actuelle UMP afin de trouver, au second tour, les réserves qui lui manquent aujourd'hui cruellement. On n'en est pas encore là…

 

DSK super star


Seul Jacques Delors, au sommet de sa gloire, à l'automne 1994, avait su atteindre, dans les sondages, de pareils scores. Et encore ! C'était quand on l'opposait à Jacques Chirac et non pas à Edouard Balladur. De tous les candidats socialistes testés par la Sofres, Dominique Strauss-Kahn est celui qui mobilise le maximum de ressources. Il progresse au premier tour (27%, + 2 points) et cartonne au second (62%, + 3 points).


DSK est aujourd'hui Monsieur zéro défaut. Il attire toute la gauche : c'est face à lui que Jean Luc Mélenchon réalise son plus mauvais score ! Il rassemble jusqu'au centre droite, au second tour : c'est sur lui que se reporte le mieux l'électorat de François Bayrou (61% ) et de Jean Louis Borloo (48%). Ces performances le mettent très nettement au dessus de tous ses concurrents potentiels, au sein du PS.

 

Sur les quatre candidats socialistes testés par la Sofres, une seule semble aujourd'hui hors course. Faible au 1er tour (17%), Ségolène Royal clive trop pour rassembler largement au second. L'ex-candidate de 2007 n'a plus les ressources suffisantes pour s'imposer nettement face à un président affaibli. C'est l'explication de ses récents contacts avec le directeur général du FMI auquel elle se ralliera, sans coup férir, quand celui-ci annoncera sa candidature. DSK vient en effet de faire les quelques gestes, lors de son récent passage à Paris, qui indiquent son intention d'entrer en lice à la mi-2011.

 

Pour que ce mouvement soit parfait et que les primaires socialistes se déroulent sans dégâts majeurs pour le nouvelle star du PS, il faudra toutefois qu'il règle un double problème. Celui tout d'abord de sa supposée alliée : Martine Aubry. Parce qu'elle est première secrétaire, celle-ci reste une candidate crédible, en dépit d'une capacité de rassemblement, au second tour, moins forte que celle de ses challengers socialistes.

 

François Hollande, pour sa part, présente des caractéristiques inverses. Il est reste très faible au premier tour (16,5%, + 0.5%), à portée de fusil de Marine Le Pen (14%). Au second en revanche, il fait plus que tripler son score (55%). L'ex-premier secrétaire tire  lentement le bénéfice de son activisme automnal. Il séduit mais n'attire pas. Il souhaitait que les primaires arrivent vite. Son intérêt bien compris est en fait qu'elles se déroulent le plus tard possible, vu le retard qui est encore le sien, dans l'opinion.

 

Le troisième homme est une femme


Au centre et au centre droit, l'offre est trop éclatée pour qu'un candidat puisse venir troubler au premier tour, le match entre Nicolas Sarkozy et le candidat du PS. L'hypothèse d'une candidature Borloo est le révélateur des faiblesses conjuguées de François Bayrou – qui stagne – et de Dominique de Villepin – qui plonge – par rapport au précédant sondage Sofres. L'ex-ministre de l'Ecologie souligne également les faiblesses de la candidature d'Eva Joly, qui, en fonction de l'offre socialiste, recule de un a trois points. Au final, son score de 1er tour, inférieur à 10%, rend illusoire, pour l'instant, son ambition affichée de troubler le jeu des favoris.

 

A la division des centres et à la dispersion de l'électorat écolo s'ajoutent une compétition au sein de l'extrême gauche, entre Olivier Besancenot et Jean Luc Mélenchon, qui l'empêche celle-ci de tirer profit de son capital de voix (entre 13 et 14%).

 

Dans ce contexte, le troisième homme est une femme : elle s'appelle Marine Le Pen. Par rapport à la fin aout sa progression est faible (+1% environ) mais son niveau reste élevé. La fille flirte désormais avec les meilleurs scores du père. Elle peut tirer profit par ailleurs, de l'extrême volatilité d'un électorat qui, à l'évidence, a aujourd'hui des préférences mais n'est pas encore totalement fixé. Au premier tour, le score du candidat socialiste oscille par exemple entre 16,5% et 27% ! Au second, un candidat tel François Hollande est capable de passer de 16.5% à 55%. Là se situe la principale inconnue de l'élection de 2012. L'anti-sarkozysme parait solidement ancré dans l'opinion.

 

DSK jouit d'un statut hors norme qui lui assure une popularité qui l'est tout autant. Cela contribue à clarifier l'équation de la présidentielle. Pour le reste, on devine une opinion qui a des nettes préférences mais dont la cristallisation progressive, au cours de l'année 2011, au fil des annonces officielles de candidature, peut encore apporter bien des surprises.

 

Source Le Nouvel Obs

Publié dans Politique

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