Strauss-Kahn or not Strauss-Kahn
A croire que ce qui intéresse aujourd’hui les instituts de sondages et autres journalistes avides du dernier commentaire accrocheur, reste cette seule question en suspens : Dominique Strauss-Kahn sera-t-il oui ou non candidat aux primaires ?
Comme il ne donne pas encore ses intentions alors que les journalistes sont plus impatients que les français, rien de tel qu'un nouveau sondage pour amener Dominique Strauss-Kahn à se dévoiler.
Mais pas n'importe quel sondage. Un sondage qui, comme le dernier sondage CSA ( csa-fr ) s’interroge directement sur cette fameuse primaire, que l'on pourrait appeler désormais "socialiste" alors qu'elle devait être au départ celle de la gauche.
Au 1er tour, Dominique Strauss-Kahn ( 37 % ) l’emporterait sur Ségolène Royal ( 26 % ), Martine Aubry ( 16 % ) et François Hollande ( 14 % ) , Arnaud Montebourg et Manuel Valls se partageant le reste. Rien de bien excitant...sauf que Martine Aubry affronte tous ses petits camarades.
Au 2ème tour, Dominique Strauss-Kahn l’emporterait sur Ségolène Royal par 57 % contre 43 % et sur François Hollande par 55 % contre 45 % mais serait battu par Martine Aubry ( 51 % contre 49 % ).
Il y a comme une incohérence dans ce sondage : comment Martine Aubry arrivée 3ème au premier tour pourrait-elle se retrouver au second contre Dominique Strauss-Kahn…un désistement de Ségolène Royal ? Mais c’est de la pure politique fiction !
Sans compter ce schéma qui verrait s’affronter, à quelques mois de la présidentielle, les quatre favoris socialistes dans une primaire , et notamment deux d'entre eux, Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry. Un tel scénario serait loin d’être un parcours de santé pour chacun d’eux , sans compter l'effet dévastateur auprès de l'opinion publique.
Qui peut croire d’ailleurs que Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, Ségolène Royal et François Hollande aient envie d’en découdre tous les quatre, devant les français. A moment donné, l’ambition légitime de chacun d’entre eux devra s’effacer devant l’exigence collective de battre le candidat de droite.
De l’utopie ? Non . Une simple question de bon sens ! A condition bien sûr que le bon sens ait sa place en politique !
Mais le jeu sondagier et journalistique qui vise aujourd’hui à faire graviter la seule question des primaires autour de Dominique Strauss-Kahn, a pour seul objectif de le contraindre à annoncer prématurément sa décision d’être candidat ou pas !
Peu importe d’ailleurs les responsabilités qui sont les siennes actuellement dans la gestion de la crise internationale.
Peu importe aussi la perception politique qu’ont Ségolène Royal, Martine Aubry et François Hollande de ces primaires, face à l’enjeu de la présidentielle de 2012 .
Peu importe enfin la nature et le contenu du projet politique qui sera porté par le (la) candidat(e) socialiste devant les français .
Les ficelles sont trop grosses et nos responsables socialistes auraient tout intérêt à ne pas s’y laisser prendre.
Car pendant que les extrapolations et autres manipulations vont bon train, Nicolas Sarkozy se prépare tranquillement, même si à droite certains pensent déjà tout haut qu’il ne serait pas le meilleur candidat pour les représenter. Mais de tout cela, on n’en parle pas. Pas plus d’ailleurs de Marine Le Pen qui, avec 17 % d’intention de vote au 1er tour de la présidentielle dans tous les cas de figure, installe le FN comme la 3ème force politique du pays. Sans occulter d'ailleurs un nouveau 21 avril . Mais dans quel sens ?
Philippe PUGNET