Marylise Lebranchu dénonce la "barbarie" des mesures anti-pédophiles

Publié le par SD32

marylise-Lebranchu.jpgDans une interview publiée aujourd'hui dans Le Parisien, l'ancienne ministre de la Justice socialiste Marylise Lebranchu dénonce le manque de recul de Nicolas Sarkozy et estime que les mesures contre les délinquants sexuels annoncées lundi par le chef de l'Etat constituent "une forme de retour vers la barbarie".


Marylise LEBRANCHU quel est votre sentiment à propos des annonces du président ?

Je comprends que les victimes réagissent dans l'émotion et ne pensent qu'à une chose : éliminer l'agresseur. Mais l'homme politique doit prendre du recul.

La société doit être une société de justice et non de vengeance. Le politique doit comprendre le système, trouver le moyen de dépister les déviances. Là, au lieu de se demander comment ce viol aurait pu être évité, on se dit Allez hop, ils ne sortent plus, ce sera plus simple. Mais c'est faux, il y aura encore des agressions. Plutôt que d'annoncer de telles mesures sur les marches du perron, instaurons un vrai débat de société.

Que penser de l'enfermement à vie pour les pédophiles ?

On supplée la peine de mort par l'enfermement à vie. Cette mesure revient à une petite mort. Je me souviens de ces mots de Robert Badinter obligé d'accepter l'emprisonnement à vie car il venait de supprimer la peine de mort et que le sujet était encore sensible. Nous sommes en train de faire un bond de trente ans en arrière. Or une société qui régresse est une société qui génère de la violence.

N'a-t-on pas déjà travaillé sur ces questions ?

Bien sûr que si. Les déclarations faites par le président de la République hier sont un terrible constat d'échec. En 1998, nous parlions déjà de l'injonction thérapeutique et des obligations de soin pour les délinquants sexuels. De nouveaux textes sont allés dans ce sens depuis. Mais en France, depuis des années, il n'y a eu aucun développement de la psychiatrie. Les psychiatres chargés de dépister les déviances dans les hôpitaux sont trop peu nombreux, voire rares. Alors, face à l'échec de la politique psychiatrique, plutôt que de se demander comment dépister les déviances, comment dépister avant le premier acte, nous revenons au système asilaire. C'est une forme de retour vers la barbarie.

Quelles solutions alors ?

Des tas de choses sont possibles. Le bracelet électronique en est une. La prévention bien sûr. Mais il faut surtout travailler sur la fameuse sortie qu'on réussit si mal. Un détenu ne peut pas sortir le lundi de prison et rencontrer une personne, un éducateur par exemple, seulement un mois après. Il n'est pas normal de préparer aussi mal les sorties. Dans le cas précis de Francis Evrard, comment se fait-il qu'on l'ait laissé habiter dans un garage et qu'on ne l'ait toujours pas convoqué plusieurs semaines après sa sortie ?

Source Le Parisien
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