François Hollande assume enfin le hollandisme

Publié le par SD32

François Hollande a-t-il réussi à rattraper le temps perdu ? C'était l'enjeu de la longue conférence de presse qu'il a tenue ce mardi 13 novembre, la première de son quinquennat.

Le décor est celui de l'immense salle des fêtes de l'Elysée avec ses ors, ses tapisseries et ses somptueux rideaux rouges. ll vise non seulement à "présidentialiser" l'occupant des lieux mais aussi à solenniser son intervention, six mois après son élection. On se croirait au théâtre.

1790050_3_8db2_francois-hollande-lors-de-sa-conference-de_5.jpgLe ton est grave, presque churchillien : "La situation est grave", dit François Hollande en dressant un constat implacable du legs sarkozyste : la dette, le chômage, la panne de croissance, le "décrochage productif", la perte de compétitivité.

Dans la foulée, le président affirme les trois piliers de sa politique – la réorientation de l'Europe, le désendettement, la compétitivité – et se fixe deux objectifs : la croissance et l'emploi.

Que ne l'a-t-il dit plus tôt, dès son arrivée, avec la même gravité ? Tout aurait été beaucoup plus simple. Au lieu de quoi François Hollande est obligé de se justifier : non, il n'a pas eu la main qui tremble lorsqu'il a fallu ordonner "le rétablissement à marche forcée des finances publiques".

Non, il n'a pas longuement hésité avant de décider, dans un contexte de grande fronde patronale, que 20 milliards d'euros d'allégements de charges seraient consentis aux entreprises pour les aider à restaurer leur compétitivité.

Quant à la hausse des taux normal et intermédiaire de TVA annoncée par son premier ministre pour financer l'aide aux entreprises, elle ne signe pas un reniement par rapport à la campagne car "c'est une restructuration de taux" qui n'a rien à voir avec la hausse que voulait imposer Nicolas Sarkozy. Ah, bon.

Plus François Hollande se défend, plus il jure qu'il n'y a eu ni "tournant" ni "virage" durant ses six premiers mois, plus il s'autorise à devenir enfin lui-même : un social-démocrate qui assume la relance par l'offre, croit possible de réduire de 50 milliards d'euros la dépense publique pendant cinq ans sans porter atteinte au modèle français. Il ne biaise plus, ne cherche plus à donner des gages au Front de gauche

Il s'est mis dans les habits du père de la nation en guerre contre le déclin. Il cherche à créer un sursaut national autour du redressement avec force appels à la fibre patriotique : "Nous sommes la France", "Il faut faire nation", "Notre République a du ressort", affirme-t-il.

A-t-il rattrapé le temps perdu ? On le saura très vite, à la fin de l'année, au terme de la négociation sur l'emploi dans laquelle François Hollande place toutes ses espérances : plus de souplesse pour les entreprises, plus de protection pour les salariés. Il voudrait que face à la gravité de la situation les partenaires sociaux soient capables de conclure un "compromis historique", comme ce fut le cas en Allemagne à la fin des années 1990.

Les partenaires sociaux en seront-ils effectivement capables ? Rien n'est moins sûr mais François Hollande estime avoir fait sa part du chemin. Il leur a mis le contrat en main.

 

Source LeMonde.fr - Le Blog de Françoise FRESSOZ Editorialiste au Monde

Publié dans Politique

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