Cessons de diaboliser la mondialisation

Publié le par SD32

Michel-DESTOT.jpgPlus que de rénovation ou de renouvellement des générations, il me semble que le rôle du Parti socialiste est aujourd’hui de provoquer débats et échanges, en son sein mais aussi bien au-delà, notamment sur les deux principaux défis que notre pays doit relever : la mondialisation et le changement climatique.

Membre du conseil de sécurité de l'ONU, 6ème puissance économique mondiale, 2ème derrière la Norvège en terme de productivité des heures travaillées, 2ème fournisseur mondial de services… la France présente une situation apparemment flatteuse mais cette présentation, malheureusement, ne résiste pas à l'analyse : notre taux de croissance reste faible, bien plus faible que celui de nos voisins, la dette et le déficit commercial atteignent des sommets, le taux de chômage des jeunes atteint presque 25% et le nombre de travailleurs pauvres ne cesse de croître.

Ces diagnostics ont évidemment été longuement débattus lors de la campagne présidentielle. Le Président de la République n'est d'ailleurs pas inactif, au moins dans le discours ! Il ne me semble pas en effet que le Gouvernement ait réellement pris la mesure des priorités auxquelles il doit faire face d’autant que des premières difficultés apparaissent en terme de pouvoir d’achat ou d’insuffisance de la croissance.

A cet égard, il me semble indispensable de cesser de diaboliser la mondialisation, de cesser de la réduire à la problématique des délocalisations qui doivent évidemment être traitées et combattues.

La mondialisation constitue en effet une chance formidable aux plans économique, social, environnemental et culturel pour le Nord comme pour le Sud. Il faut donc impérativement éviter de confondre internationalisation des échanges dans une économie de marché et capitalisme boursier. A poursuivre cette confusion, le risque est grand en effet d’en venir à des réponses au mieux en terme de protectionnisme et au pire xénophobes.


Face à cette situation, il me semble qu’il nous faut aujourd’hui répondre avec détermination en terme de régulation politique. Il nous faut traiter des problèmes structurels en créant de véritables contre-pouvoirs, par une intervention directe des pouvoirs publics lorsque cela est nécessaire, par une architecture recomposée du système financier mondial tant en terme de corporate governance que de gestion intelligente des stock options mais aussi par le développement de fonds éthiques ou le développement d’une réelle transparence financière.

L’Europe et la France ont évidemment un rôle majeur à jouer en la matière. Mais qu’il s’agisse de mondialisation ou du changement climatique, je crains que notre pays ne soit structurellement pas prêt à faire face à ses responsabilités.

Prenons l'exemple de la protection de l'environnement : depuis 30 ans, le fait urbain est devenu une réalité incontestable, nous avons assisté à une explosion des déplacements et l’impact sur le changement climatique des gaz à effets de serre (liées principalement à l'habitat et aux déplacements) est avéré et connu de tous.

Pour autant, on continue dans notre pays à réduire la puissance publique à l’Etat alors que les villes, les régions et l’Europe ont, dans bien des domaines, pris le relais. Lors de la dernière présidentielle, cette vision jacobine a conduit à négliger le poids des villes et des agglomérations et à s’appuyer insuffisamment sur les projets de développement durable – de développement et pas uniquement de redistribution - que nous mettons en œuvre.

C’est cette même vision jacobine qui fait que la décentralisation n’est toujours pas aujourd’hui achevée et que notre architecture institutionnelle reste aussi lourde et inadaptée.

Une conclusion s’impose : il nous appartient de changer profondément notre façon d’être et d’agir. Il nous faut assumer ce que notre pays est devenu, ce que nous sommes devenus et il nous faut nous donner enfin les moyens de changer de dynamique.

Michel DESTOT
Député-maire de Grenoble

Source : Université d'été du Parti Socialiste

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