L’opposition entre représentation et participation est-elle bien formée ?

Publié le par SD32

L’opposition entre représentation et participation est commune dans la pensée politique. Mais est-elle bien formulée ? Pour Bruno Bernardi, ancien élève de l’Ecole Normale supérieure, agrégé de philosophie, chercheur en histoire conceptuelle des problématiques contemporaines, il y de fortes raisons d’en douter.

L’histoire conceptuelle de la notion de représentation montre qu’on en a réduit la signification, abusivement réduite à la seule constitution de l’assemblée des représentants.

Dans le premier cas, on voit s’opposer ceux qui considèrent que la représentation est essentiellement anti-démocratique, parce qu’elle dessaisit le démos de son pouvoir d’auto-institution, et ceux pour qui tout appel à la participation cache une volonté de délégitimer les pouvoirs institués et de substituer le pouvoir de minorités agissantes à la loi de la majorité. Ces deux positions radicales identifient la démocratie participative à la démocratie directe, conçue dans un cas comme un idéal, dans l’autre comme un repoussoir. Bien entendu, nombreux sont ceux qui soutiennent la nécessité d’associer représentation et participation.

Dans ce second cas, pourtant, l’opposition ne disparaît pas ; elle ne fait que se déplacer : au lieu de se présenter comme une disjonction, elle prend la forme de subjections alternatives. Les uns considèreront que la représentation est le mode minimal d’exercice du pouvoir citoyen, par sa délégation. Une forme précieuse (puisque en deçà, la démocratie disparaît) mais une forme faible de participation. Les autres verront dans la procédure participative un moyen d’information de ceux à qui est conféré le pouvoir de décider (ce serait la forme démocratique du conseil, à côté de celle du conseil d’expertise) et un moyen d’assurer le consentement aux décisions une fois prises.

Un complément utile pour la représentation, mais auxiliaire et subordonné. On constate que ces positions sont, quant à leurs principes, adossées aux premières et tout aussi opposées. Chacune peut être nuancée, mais elles ne peuvent être cumulées : ce serait créer un système intenable de double légitimité. Mais cette dualité des principes n’empêche pas que leur mise en œuvre puisse passer par des procédures pratiquement similaires d’enquête et de débat public. C’est ce qui explique sans doute l’engouement récent pour les consultations participatives : leur ambiguïté même leur permet de constituer un espace privilégié pour le débat politique.

Le débat politique des dernières années a conféré une place centrale aux notions de démocratie représentative et de démocratie participative, qu’elles soient tenues pour deux modèles à distinguer, ou pour deux dimensions également nécessaires à la démocratie.

Pour lire la suite de cette étude :
http://www.laviedesidees.fr/spip.php?action=dw2_out&id=286




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