DSK The Top Guy !

Publié le par SD32

dsk-the-top-guy-copie-1.jpgL'Hebdomadaire Newsweek consacre cette semaine plusieurs pages à Dominique Strauss-Kahn et son action à la tête du FMI.

 

Dominique Strauss-Kahn est actuellement sur le toit du monde mais ce n'est peut-être pas réellement là où il voudrait être. 

 

Presque par défaut, le Directeur général du Fonds monétaire international a réussi à gravir une grande puissance pour résorber la crise mondiale.

 

Il y a deux ans, lorsque l'économie mondiale était sur le point de s'écrouler, le groupe formé des 20 pays les plus riches se tourna vers Dominique Strauss-Kahn et le FMI pour l'aider à consolider ses fondements.

 

Dernièrement, les ministres du G20 se retournèrent une nouvelle fois vers Le Directeur général pour lui demander toute son aide afin d'éviter une guerre des devises et proposer de doubler les ressources financières du FMI.

 

M. Strauss-Kahn, 61 ans, n'a jamais réellement connu une aussi grande adulation, ni, d'ailleurs, l'affirmation de son idéologie économique et ses opinions politiques au sein de son propre parti. Lorsqu'il était Ministre des Finances du gouvernement socialiste de Lionel Jospin pendant les années 1990 en France, The Economist lui offrit un article, saluant ses performances, intitulé  "sad adieu" lorsqu'il du démissionner.

 

Maintenant, DSK, comme on l'appelle, se retrouve non seulement dans la très haute sphère du système financier international mais également au sommet des sondages d'opinion en France.

 

Un grand problème se pose désormais à lui : doit-il rester au FMI au premier plan de la scène mondiale ou doit-il démissionner et rentrer en France l'année prochaine pour pouvoir concourir à l'élection présidentielle de 2012 ? Le compte à rebours est déclenché.

 

Les sondages le montrent clairement. Si les Français devaient voter aujourd'hui, Strauss-Kahn aurait une grande avance sur le très impopulaire président de droite, Nicolas Sarkozy. 

 

L'hebdomadaire français L'Express explique le choix enviable du socialiste : "Soit DSK revient pour servir son pays, la France, en déclarant sa candidature à la présidence, soit il sert, aussi bien, en sauvant l'économie mondiale à la tête du FMI. C'est un dilemme grandiose auquel n'importe quel politicien ne pourrait espérer rêver."

 

Une des ironies de la vie politique française est que, en 2007, DSK a été débarqué à la tête du FMI avec l'appui solide du nouvel élu Sarkozy. Le président français a été crédité, en effet, d'un coup de maître machiavélique en affirmant vouloir travailler avec les socialistes de premier plan, tout en éliminant en même temps, ou du moins compromettant, ses rivaux potentiels. 

 

À l'époque, vu de Paris, le FMI semblait comme une sorte d'institution bureaucratique austère située bien loin de la France, de l'autre côté de l'Atlantique. 

 

Mais, dès les premiers mois à son nouvel emploi, DSK eu une vision extrêmement claire et inquiétante lui permettant de prédire efficacement l'horizon économique. 

 

A Davos, début 2008, il appela à des mesures fiscales et budgétaires à l'échelle mondiale afin de répondre à la crise à venir et certains observateurs ont été très surpris d'entendre le directeur général du FMI préconiser aux Etats d'agir avec des politiques de relance. 

 

L'économiste Larry Summers a, lui-aussi, été extrêmement surpris par l'idéologie du Français : "C'est la première fois en 25 ans que le Directeur général du FMI a appelé à une augmentation des déficits budgétaires. Honnêtement, je considère cela comme une reconnaissance de la gravité de la situation dans laquelle nous sommes confrontés".

 

Le conseil d'administration du FMI avait pourtant tenu à rappeler ostensiblement Dominique Strauss-Kahn à conserver des méthodes orthodoxes mais DSK a tenu bon : "Avec ce qui nous attend, vous allez nous voir recourir à des dépenses budgétaires plus souvent que vous ne le pensez" aurait-il même dit. Et bien sûr, la tempête a frappé en Septembre 2008.

 

Au printemps de 2009, quand le G20 s'est réuni à Londres, les dirigeants du monde ont été abasourdis par l'ampleur de la crise économique et ils décidèrent tous de se tourner vers DSK. Les ressources du FMI ont été augmentées à 750 milliards de dollars pour tenter de rétablir un équilibre. "Ce fut un grand triomphe pour l'homme de la France" selon les écrivains Alexandre Kara et Philippe Martinat du livre "DSK-Sarkozy : Le Duel".

 

Depuis lors, Le Directeur général a pris le soin de parler avec de plus en plus d'autorité, en convaincu, cherchant à façonner l'avenir économique du monde.

 

Récemment, en septembre dernier, il déclara au conseil du FMI : "Nous nous réunissons à un moment charnière de l'histoire, face à un avenir incertain. La croissance est de retour, mais la reprise est fragile et inégale, fragile parce qu'elle est inégale".

 

DSK a parlé de quatre risques critiques qui doivent être évités :

 

- Sur la question de la dette publique, "la plus grande menace est la faible croissance", dit-il, et défend les politiques de relance en cas de besoin, sauf pour "les pays qui sont au bord de la falaise". Personne ne s'attendrait en effet à ce que les conseils du FMI pour l'Allemagne soient les mêmes que les conseils du FMI pour la Grèce.

 

- Le second problème majeur est celui d'une "reprise sans emploi", a déclaré DSK, et par extension "le risque d'une génération perdue" si la croissance ne se convertit pas en croissance créatrice d'emploi. 

 

- Troisièmement, "la réglementation financière est importante", a t-il dit, "mais la supervision financière est encore plus vitale. Si les règles ne sont pas mises en œuvre, c'est comme si vous n'avez rien fait".

 

- Enfin, il y a le problème de l'absence de "coopération entre les nations". Les dirigeants ont "travaillé ensemble pour arrêter une seconde Grande Dépression" mais maintenant, "ils ont tendance à se replier sur eux-mêmes".

 

Finalement, il ne serait peut-être pas si injuste de se demander si la France est un terrain assez grand pour Dominique Strauss-Kahn.

 

Source : Par Christopher Dickey et Tracy McNicoll

Newsweek (Résumé) - Le 31 octobre 2010

 

Christopher Dickey est également l'auteur de Securing the City: Inside America's Best Counterterror Force—The NYPD, choisi par le New York Times comme un livre remarquable de l'année 2009.

Publié dans International

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