Les fondements énergétiques de la Démocratie

Publié le par SD32

energie-democratie.pngLes sources d’énergie sont-elles porteuses de modèles politiques ? Oui, répond Timothy Mitchell, dans un essai stimulant sur les soubassements énergétiques des démocraties contemporaines. Le passage du charbon au pétrole au cours du XXe siècle a érodé le potentiel de mobilisation de la classe ouvrière et consacré le pouvoir des experts.

Janvier 2012 : l’Iran menace de fermer le détroit d’Ormuz. Casus belli : les États-Unis envisagent de répondre par la guerre si la république islamique met sa menace à exécution. Ni la répression intérieure du régime contre les mécontents, ni même son programme nucléaire n’ont ces dernières années amené réaction aussi belliqueuse. La raison en est connue: un quart du pétrole mondial transite par le détroit. Or l’économie mondiale dépend du pétrole pour sa survie. L’histoire récente l’a montré plus d’une fois : quand le pétrole est en jeu, c’est l’escalade, au moins verbale, souvent militaire. Comment sommes-nous devenus si dépendants aux hydrocarbures ?

Timothy Mitchell, politiste et historien spécialiste du Proche-Orient à l’université de Columbia, signe avec Petrocratia un court essai d’histoire globale, bien documenté et stimulant, qui éclaire la corrélation entre sources d’énergie, systèmes énergétiques et systèmes politiques. L’auteur propose ainsi de « suivre la piste du carbone » (p. 21) pour décortiquer les liens unissant le surgissement et l’hégémonie des hydrocarbures et la naissance de la démocratie de masse et de l’impérialisme aux XIXe et XXe siècles. Il s’intéresse particulièrement aux charnières de l’histoire énergétique contemporaine : le passage des énergies renouvelables au charbon au XIXe siècle, puis le passage du charbon au pétrole au siècle suivant. Il montre comment les propriétés physiques respectives du charbon et du pétrole ont facilité la naissance des démocraties sociales modernes et l’impérialisme colonial et néo-colonial. À cette interrogation historique sur les ruptures introduites par l’exploitation de nouvelles sources énergétiques, il ajoute l’analyse de plusieurs « connexions » entre les hydrocarbures et ce qu’il appelle – souvent par antithèse – la « démocratie » (nous dirions « le pouvoir »).

Petrocratia se transforme alors en laboratoire d’idées : Mitchell teste sur le lecteur ses intuitions sur la constitution de cette nébuleuse où se rencontrent pétrole et politique et qu’il nomme « pétrocratie ». Certaines sont convaincantes, d’autres moins. Trions.

 

La suite : laviedesidees.fr/IMG/pdf/20120123_CR-Petrocratia.pdf

Publié dans Faits de société

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